Page 453 - Les fables de Lafontaine
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LIVRE DOUZIÈME



               1. — LES COMPAGNONS D’ULYSSE
              A Monseigneur le Duc/de Bourgogne

         Sources. — Homère, Odyssée, X, 135-399 ; Plutarque, Que les
       bêtes brutes usent de raison.
        Intérêt. — Conte moral, dont l’idée directrice est la suivante :
       les passions des hommes les ravalent au niveau des animaux
       (v. 105-106). Chemin faisant, les réponses des Grecs insinuent
       une autre idée, presque contraire : la condition des hommes n’est
       pas supérieure à celle des animaux. Nous sommes ici dans la veine
       d’idées qui a dicté le Discours à M. de La Rochefoucauld (X, 14)
       et, plus lointainement, le Discours à Mme de La Sablière (IX, in
      fine).
        Le prologue est une dédicace élogieuse qui continue en vers
       l’épître dédicatoire.
        Le conte comprend lui-même trois parties : 1. un récit mytho­
       logique ; 2. un dialogue en trois parties symétriques, rythmées
       par un refrain : je ne veux point changer d’état ; 3. une conclusion
       morale. Un épilogue de neuf vers reprend le ton du prologue.
       L’ensemble est très clair et l’on sent l’intention de l’auteur de se
       mettre à la portée d’un enfant de 12 ans.
       Prince, l’unique objet du soin des Immortels,
       Souffrez que mon encens * parfume vos autels *.
       Je vous offre un peu tard ces présents de ma Muse * ;
       Les ans et les travaux me serviront d’excuse ;
       Mon esprit diminue, au lieu qu’à chaque instant   5
       On aperçoit le vôtre aller en augmentant.
       Il ne va pas : il court, il semble avoir des ailes.
       Le héros1, dont il tient des qualités si belles,
       Dans le métier de Mars * brûle d’en faire autant ;
       Il ne tient * pas à lui que, forçant la victoire,   10
        1.  Le Grand Dauphin, père du duc de Bourgogne.
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