Page 367 - Les fables de Lafontaine
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LE STATUAIRE ET LA STATUE DE JUPITER 363
      Le tout, à ce qu’il dit, pour faire un châtiment
      Qui pût servir d’exemple, et dont toute sa suite 2   25
      Se souvînt à jamais, comme d’une leçon.
      Là-dessus, il cita Virgile et Cicéron
             Avec force * traits * de science.
      Son discours dura tant que la maudite engeance *
      Eut le temps de gâter * en cent lieux le jardin.   30
              Je hais les pièces * d’éloquence
          Hors de leur place, et qui n’ont point de fin,
              Et ne sais 3 bête, au monde, pire
          Que l’Écolier, si ce n’est le pédant *.
      Le meilleur de ces deux, pour voisin, à vrai dire,   35
              Ne me plairait aucunement.
        Exercice complémentaire. -— Un Écolier écrit à La Fontaine
      pour protester contre l’image odieuse que le fabuliste trace des enfants.




      6.  — LE STATUAIRE ET LA STATUE DE JUPITER


        Source. — Avianus.
        Intérêt. — D’une anecdote très menue, l’auteur tire une médi­
      tation générale sur la pente invincible de l’âme humaine à être
      la première dupe de ses songes. Le poème n’a rien d’une fable :
       aVec ses quatrains réguliers à rimes croisées d’octosyllabes, le
      caractère plastique du sujet, le ton de méditation, cette pièce
       évoque, avec une curieuse précision, les poèmes d’Emaux et Camées,
       de Gautier. On pourra comparer avec V, 7 : Ze Satyre et le Passant.

              Un bloc de marbre était si beau
              Qu’un Statuaire en fit l’emplette.
              « Qu’en fera, dit-il, mon ciseau * ?
              Sera-t-il dieu, table ou cuvette?

        2.  Sa suite, son cortège d’enfants, ses écoliers. 3. Omission du
       sujet, 29, m.
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