Page 146 - Histoire de France essentielle
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Histoire-Texte.        — 138 —           ÉTAT DE LA SOCIÉTÉ


                                   CHAPITRE XVI
                      ÉTAT DE LA SOCIÉTÉ AU XVIII' SIÈCLE

                 1.  Jacques Bonhomme. — Jusqu’ici, nous avons vu
               « tout le gros ouvrage de la France » retomber sur les mêmes
               épaules : celles du peuple. Pour assurer une vie heureuse et
               égoïste à 3ooooo privilégiés, près de vingt-cinq millions de
               pauvres gens l'ont tout, payent tout, souffrent tout.... et sou­
               vent meurent de faim.
                 Après des siècles de misère, Jacques Bonhomme, si
               longtemps confiant en ceux qui lui devaient protection — et
               à qui l’on ne pensait que pour l’impôt et la corvée — à bout
               de souffrances, désespérant de voir sa situation améliorée,
               va chercher lui-même un remède à ses maux, devenus into­
               lérables au xvme siècle. £e remède, il le trouvera dans la
               destruction de l’ancien régime.
                 Avant tpie ce régime disparaisse, retraçons-en le tableau :
               nous y retrouverons les causes mêmes de sa disparition.
                 2.  Pouvoir royal.— I.a France n’avait pas de Constitu­
               tion écrite : rien ne limitait donc l’autorité du roi. Il dispo­
               sait de tous les pouvoirs et décidait de tout sans aucun con­
               trôle. Les ministres et les intendants des provinces gouver­
               naient en son nom. En réalité, le sort du peuple dépendait
               d’eux en grande partie.
                 3.  La nation. — La nation comprenait trois classes dis­
               tinctes : le clergé, la noblesse, le tiers état.
                 Le clergé, propriétaire d’un cinquième du sol, ne payait
               pas d’impôts et levait la dîme sur toutes les terres. On distin­
               guait le haut clergé (évêques, abbés de cour, chanoines), très
               riche, et le bas clergé (cuvés, vicaires), très pauvre. Beaucoup
               de ces derniers se montraient favorables aux réformes popu­
               laires.
                 Il y avait aussi une noblesse riche et une noblesse pauvre :
               la première, possédant de nombreux droits féodaux, vivait à
               Versailles des revenus de ses vastes domaines et des libéra­
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