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     riaux qu’il a arrachés et qu’il enlève encore à ses rives.   deux courants, s’accumule et forme une digue, appelée
     Il est dans sa période de maturité ou de transport.  barre, fort nuisible à la navigation. ( Voir 3e fig.)
      3° Enfin, la pente devenant insensible, le fleuve 'coule
     lentement, et, avant de mêler ses eaux à celles de l’Océan,
     il dépose le limon qu’il charriait encore et rendait ses
     eaux troubles. Il est dans sa période de vieillesse ou
     d’alluvionnement.

      7.  Travail des cours d’eau. — Les cours d’eau travaillent
     lentement, mais constamment, à niveler la surface du
                                                                         3. — La barre.
     sol, en abaissant les parties élevées par l'érosion, et en
     exhaussant les parties basses par V alluvionnement.   Si la mer est peu profonde et calme, sans marées ni
     ( Voir 1« fig.)                                   courants appréciables, et que le charriage des fleuves
      1° L’érosion est d’autant plus active que la pente   soit abondant, le limon en se déposant forme des îles
     est plus forte. Elle creuse le lit du cours d’eau jusqu’à   d’embouchure que les Grecs ont appelées deltas, par suite
     ce que la pente étant devenue presque nulle, le courant   de leur forme triangulaire assez fréquente, imitant leur
     est si faible que la résistance des parois égale ou surpasse   quatrième lettre de l’alphabet (A). Le delta du Nil est
     l’action du courant ; alors le cours d’eau est entré dans   triangulaire, mais plusieurs ne le sont pas. Celui du
     sa période de calme, il n’érode plus ses rives ; il a trouvé   Mississipi a la forme d’une gigantesque patte d’oiseau.
     son profil d'équilibre.                           Le développement des delta? est plus ou moins rapide.
      Avec les siècles, non seulement le fleuve creuse son lit,   Le delta du Rhône s’accroît par an de 20 millions de m3
     mais, par ses affluents, dont le travail est identique au   d’alluvions ; celui du Nil, de 60 millions, et celui du
     sien, sa vallée s’élargit, les pentes s’adoucissent, les   Mississipi, de 650 millions.
     sommets s’abaissent, et par le transport incessant des   d)  L’érosion et l’alluvionnement combinés produisent
     matériaux, des parties hautes vers les parties basses, le   les sinuosités de certains fleuves auxquelles on donne le
     sol s’aplanit et les montagnes sont transformées en plateaux   nom de méandres (nom d’un fleuve d’Asie Mineure très
     ou en pénéplaines.                                sinueux), lorsqu’elles sont très prononcées. ( Voir 4e fig.)
       Il peut arriver que le nivellement soit si complet que les
     eaux hésitent sur leur direction. C’est ainsi que le Cassi-
     quiare (FHésitant) envoie ses eaux dans le Rio-Negro, af­
     fluent de l’Amazone, lorsque les pluies sont abondantes
     dans le bassin de l’Orénoque, et dans l’Orénoque
     lorsqu’il pleut abondamment dans le bassin du RioNegro.
       2° L’alluvionnement est le dépôt des matériaux entraî­
     nés par les cours d’eau. Il est d’autant plus rapide que les
     eaux sont plus calmes.
       a) Les dépôts constitués par les fleuves débordés for­
     ment les plaines alluviales. On peut provoquer le dépôt
     des alluvions, par la dérivation des eaux boueuses, à
     l’aide de canaux, sur les terres que l’on veut fertiliser
     ainsi par le colmatage.
                                                        4. — Transformation des rives par l’érosion et l’alluvionnement
                                 b) En déposant ses allu­                  combinés.
                               mons, au moment de ses
                               débordements, le fleuve   Ces sinuosités s'accentuent avec le temps. Le courant
                               peut exhausser ses rives,   étant plus fort sur la rive concave où il bute, ronge cette
                              car les matériaux les plus   rive qui devient abrupte par suite des éboulements ;
                               lourds se déposent rapi­  sur la rive convexe, au contraire, il se ralentit et dépose
                               dement près des bords   du limon formant un talus à pente douce.
                               qu’ils surélèvent au-des­  Comme ces sinuosités augmentent constamment, il
                               sus des terres voisines, où   arrive parfois que Le fleuve entoure une presqu’île dont
                              les eaux peuvent former :   l’isthme finit par être coupé ; alors le fleuve redresse son
                               soit de fausses. rivières se   cours à cet endroit, car il abandonne la courbe, qui,
                               raccordant au fleuve    par suite des dépôts, devient un bras mort que l’évapora­
                               par des échancrures de   tion dessèche peu à peu.
                               la rive, soit des marais   8.  Utilité des cours d’eau. — L’eau est essentielle à la
                               lorsqu’il n’existe pas d’é­  vie sur le Globe, aussi les cours d’eau qui la distribuent
                               chancrure. ( Voir 2e fig.)  sont-ils très utiles. Ils fertilisent le sol par l’irrigation et
                                 c)  Arrivé à la mer, le   le colmatage. Us sont, même actuellement, les voies de
                               fleuve a perdu toute sa   transport les plus économiques ; avant les chemins de
        2. — Surélévation des rives   vitesse puisque la pente
          par l’alluvionnement.                        fer, c’étaient à peu près les seules voies utilisées par le
                               est nulle ; aussi dépose-   commerce ; ceci explique pourquoi la plupart des villes
     t-il à son embouchure tout le limon qu’il charriait encore.   sont bâties sur le bord des cours d’eau. Ils produisent aussi
       Quand l’apport limoneux est faible ou que la mer est   la force motrice (houille blanche) qui peut remplacer,
     profonde et agitée, les vagues dispersent les dépôts   très économiquement, la houille noire.
     alluvionnaires et l’estuaire reste libre. Cependant, il
     arrive fréquemment qu’au point de contact des eaux   DEVOIR. — 1. Quel est le régime du principal cours d’eau de
                                                       la réqion ? Indiquez-en les causes. — 2. Comment l’érosion
     fluviales et des eaux marines, le limon, poussé par les  et l’alluvionnement modifient-ils le relief terrestre ?
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