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                                           20e Leçon. — GÉOGRAPHIE VEGETALE

































                       1.  Objet de la Géographie végétale. — Alors que la   grande humidité, vigoureuse végétation comme dans les
                     Botanique étudie les organes des végétaux et leur classi­  régions des pluies équatoriales ; peu ou point d’humidité,
                      fication en familles, genres et espèces, la Géographie   peu ou point de végétation comme dans les régions
                      végétale traite seulement de l'influence du milieu et de   désertiques.
                     l'action de l'homme sur la vie végétale, des formations   L’absorption par les racines et l’évaporation par les
                     ou-associations naturelles des plantes, et de leur réparti­  feuilles résument les rapports de l’eau avec la plante.
                     tion à la surface du Globe.                        Celle-ci devra donc subir les modifications suffisantes
                                                                        pour s’adapter au milieu.
                       2.  Influence du milieu sur la végétation.—Les plantes   a)  Dans les régions très humides, les racines sont
                     puisent dans le sol, par les racines, et dans l’air, par les   faibles pour diminuer l’absoption et les feuilles très déve­
                     feuilles, les éléments nécessaires à leur subsistance. Elles   loppées pour favoriser l’évaporation.
                     subissent donc l’influence du milieu : du sol, de la tempé­
                                                                          b)  Dans les régions sèches, ou à pluies très irrégulières,
                      rature, de l'humidité, de la lumière et même du vent.  les racines sont très développées pour favoriser l’absorp­
                       1° La nature du sol exerce une grande influence sur   tion : elles forment de véritables réservoirs. Les plantes
                      les plantes.
                       Les terres argileuses, qui sont lourdes et compactes,   herbacées, généralement vivaces, ont des racines bul­
                      imperméables et froides, ne conviennent pas aux mêmes   beuses ou à tubercules ; souvent les tiges elles-mêmes
                                                                        servent de réserve, comme dans les arbres à bouteille
                     plantes que les terres calcaires qui sont légères et friables,   et dans toute la famille des cactus. Quant aux feuilles,
                     perméables et chaudes. Il en est de même des terres   elles sont luisantes, coriaces ou même absentes, afin de
                      siliceuses ou sablonneuses, trop légères, qui ne conservent
                     pas suffisamment les éléments nutritifs nécessaires aux   diminuer l’évaporation. L’eucalyptus offre un bel exemple
                                                                        d’adaptation : ses feuilles, au lieu de tourner leur face au
                     plantes. Ainsi, le chêne et le blé exigent un sol calcaire,
                     tandis que le châtaignier et le sarrasin ne croissent bien   soleil, ne lui présentent que leur tranche, afin d’offrir
                     que dans les terrains sablonneux ; les peupliers et les   moins de prise à l’évaporation.
                     graminées des prairies, dans un sol argileux.        4° La lumière solaire est nécessaire non seulement à la
                       2° La température baisse de l’équateur au pôle, et de la   formation de la chlorophylle, matière verte des végétaux,
                     base au sommet des montagnes, et c’est dans le même sens   mais elle influe aussi sur le développement total de la
                      que la végétation diminue de vigueur et d’abondance.  plante. Au pied d’un mur élevé, orienté de l’Est à l’Ouest,
                       a) C’est dans les régions froides que se trouvent le plus   la végétation est bien plus vigoureuse du côté du Sud
                      de plantes annuelles, car elles n’ont ainsi rien à craindre   exposé à la lumière, que du côté du Nord toujours à
                     des rigueurs de l’hiver, leur cycle végétatif étant limité   l’ombre. En Laponie, où le soleil reste trois mois au-dessus
                      à la saison chaude. C’est également dans ces mêmes   de l’horizon, l’orge se développe et mûrit en 90 jours,
                      régions que croissent les arbres à feuilles caduques, car ces   tandis qu’il lui en faut 110 en Suède méridionale, où le
                      organes délicats seraient trop sensibles au froid.  soleil n’est visible que 17 heures par jour.
                        b)  A chaque plante il faut la chaleur voulue pour   5° Les vents agissent aussi sur la végétation : ils incli­
                      arriver à maturité. C’est cette quantité qui détermine   nent les arbres comme en Provence : ils les suppriment
                      la limite pour chaque espèce. La vigne, par exemple, ne   même, par leur violence, comme dans l’Ile de Sein, ou bien
                      dépasse guère le 50e degré de latitude.           par le dessèchement qu’ils occasionnent, comme dans
                        3° L’humidité joue le principal rôle dans la végétation :   le nord de la Sibérie. Mais les vents travaillent aussi à la
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