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                                    17e Leçon - NEIGES ET GLACIERS. — RUISSELLEMENT
                                                             ET INFILTRATION

                                                                           quaternaire, le froid fut intense ; les glaciers couvrirent
                                                                           tout le nord de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique :
                                                                           ceux des Alpes s’étendaient jusqu’aux Cévennes.
                                                                             Leur existence est connue par les vallées qu’ils ont
                                                                           creusées et par leurs dépôts.
                                                                             1° Alors que les vallées fluviales sont en forme de V, les
                                                                           vallées glaciaires sont en U, ont des flancs abrupts et
                                                                           rabotés, et des fonds aplanis.
                                                                             2° Les dépôts glaciaires sont formés de débris amoncelés
                                                                           pêle-mêle ; ils renferment des roches striées et polies
                                                                           caractéristiques de ces terrains.
                                                                             Parfois les dépôts 'ont été enlevés par l’érosion ; mais
                                                                           ils laissent, comme témoins, de gros blocs isolés, différents
                                                                           par leur nature du sol sur lequel ils reposent. On les
                                                                           nomme blocs erratiques, c’est-à-dire errants.

                                                                             4.  Distribution des eaux de pluie. — Suivant la tempé­
                                             Phot. Étab. Lévy et Neurdein réunis.  rature et la nature des terrains sur lesquels tombent les
                                   1. — La Mer de Glace du Mont Blanc.     eaux de pluie, celles-ci se distribuent différemment :
                                                                           une certaine quantité s'évapore et retourne dans
                           1.  Neiges. — Dans nos régions tempérées, la neige ne   l’atmosphère ; une autre s'infiltre dans le sol et donne
                         tombe qu’en hiver et dure peu de temps. Dans les régions   naissance aux sources ; enfin une autre partie ruisselle
                        froides, aux pôles et sur les hautes montagnes, elle tombe   sur le sol et se réunit pour former les cours d'eau et les
                         en toute saison, et, au lieu de fondre, elle s’accumule et   lacs.
                         forme les neiges persistantes.
                          La limite des neiges persistantes varie avec la latitude,   5.  Eaux d’évaporation. — La plus grande quantité
                         l’altitude et l’exposition.                       des eaux tombées sur le sol s'évapore avant d’arriver à
                          Au Kilima-Ndjaro, près de l’équateur, les neiges   l’Océan. On a calculé, par exemple, que la Seine ne débite
                         persistantes ne descendent pas au-dessous de 5.000 mètres,   à son embouchure que le quart de l’eau tombée dans son
                         tandis que dans les Alpes, en Suisse, elles descendent à   bassin. Cette proportion est plus forte dans les régions
                         3.300 mètres sur le versant sud et à 2.600 mètres sur le   chaudes et sèches que dans les régions froides et humides.;
                         versant nord. Dans les régions polaires, elles atteignent
                         presque le niveau de la mer.                        6.  Eaux d’infiltration. — La quantité d’eau de pluie
                          Les neiges persistantes n’augmentent pas leur épais­  qui s’infiltre dans le sol dépend de la perméabilité du sol,
                         seur à l’infini : elles s’allègent par des avalanches, ou   de la pente du terrain et du genre de pluie.
                         bien elles se tassent et se transforment en glaciers qui   L'infiltration est abondante dans les terrains sablon­
                         descendent lentement les pentes et fondent à leur tour.  neux et calcaires, tandis qu’elle est presque nulle dans
                                                                           les terrains granitiques et argileux ; elle est plus impor­
                           2.  Formation et mouvement des Glaciers. — Durant   tante dans les plaines que sur les pentes, et avec des
                         les journées d’été, le soleil fond la couche superficielle des   pluies fines qu’avec des pluies d’orage.
                         neiges persistantes, et celle-ci se congèle de nouveau
                         pendant la nuit. Ces dégels et ces regels alternatifs trans­  7.  Sources et puits. — Les eaux d’infiltration, qui ont
                         forment la neige en une masse granuleuse plus dure   pénétré dans le sol, descendent lentement jusqu’à ce
                         que la neige et moins compacte que la glace, c’est le   qu’ayant rencontré une couche imperméable, elles
                         névé. Le névé à son tour, par suite de la pression des   s’accumulent et forment une nappe souterraine.
                         couches supérieures de neige, se tasse et se transforme   En creusant le sol jusqu’à cette couche imperméable,
                         en glace blanche remplie de bulles d’air qui la rendent   on a un puits dans lequel l’eau s’élève jusqu’au niveau
                         plus plastique que la glace ordinaire : c’est le glacier.  de la nappe liquide. (Voir 2e croquis.)
                           Sous la pression des neiges et des névés, et entraîné
                         par son propre poids, le glacier glisse lentement en sui­
                                                                                                                 Source
                         vant les pentes naturelles des gorges et des vallées, for­  Puits                      vauclusienne
                         mant ainsi un fleuve de glace. (Voir lre image.)
                           Dans leur cours, les glaciers transportent tous les
                         débris que les éboulements ou les avalanches accumulent
                         à leur Surface ou qu’ils arrachent à leurs rives. On donne
                         à ces débris le nom de moraines.
                           Au fur et à mesure que la tête du glacier atteint des
                         régions assez chaudes, elle fond, dépose ses moraines et
                         donne naissance à un cours d’eau.
                                                                             2 — Les eaux d’infiltration reviennent à la surface du sol
                           3.  Anciens glaciers. — A la période glaciaire de l’ère       par des sources et des puits.
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