Page 695 - Les merveilles de l'industrie T1
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LE SOUFRE ET L’ACIDE SULFURIQUE.                            691


        demi éteint, dont le cratère laisse encore |  éteints et qui rejettent encore des cendres,
        souvent échapper des fumerolles. Le nom   on cite \eDjebel-Kebry (montagne de soufre)
        de Soufrière lui vient de la grande quantité   et le Djebel-Dokhain (montagne de fumée).
        de soufre que l’on y trouve, et qui se vola­  La première est une véritable solfatare.
        tilise par l’effet de la chaleur souterraine.  Dans la Chine et le Japon, un grand
          Le chemin qui conduit au sommet de la   nombre de volcans à demi éteints exhalent
        Soufrière, à la Guadeloupe, est jonché de   encore de la vapeur d’eau et des gaz sulfu­
        pierres calcinées. A une certaine hauteur,   reux, mêlés d’émanations ammoniacales.
        dans un espace d’environ 8 mètres de dia­  Dans plusieurs parties de la presqu’île du
        mètre, on ne rencontre que du soufre, des   Kamtchatka, on trouve des ravins remplis
        cendres et des terres volcaniques. Là s’ou-   de soufre.
        xrent plusieurs fentes profondes d’où s’é­  Une des plus grandes solfatares du monde
        chappent des vapeurs, mêlées quelquefois   est celle de Gunnung-Prahou, dans l’île de
        de flammes, fentes au fond desquelles on   Java. Elle est située sur une chaîne de mon­
        entend comme un bouillonnement : il en    tagnes, dont le point culminant est cette sol
        sort aussi du soufre, qui s'attache à leurs   fatarc même. Des colonnes de vapeur s’éle­
        parois. Le terrain est peu solide, et si l’on   vant du milieu d’une forêt annoncent de
        ne marchait avec précaution, on courrait   loin, par leur bruit, la solfatare de Gunnung-
        risque de s’y enfoncer.                   Prahou. Le cratère d’éruption forme une
          La Soufrière de la Guadeloupe produit du   enceinte demi-circulaire de 12 mètres de
        soufre de différentes espèces : l’une, sem­  hauteur, entourant une masse d’eau qui est
        blable à des fleurs de soufre, en masses   dans un état permanent d’agitation, par
        compactes et d’un beau jaune d’or ; l’autre,   suite des gaz qui la traversent sans cesse
        d’un jaune transparent comme de l’ambre.  et qui soulèvent l’eau à la hauteur de plus
         On avait pensé que la Solfatare de la Guade­  d’un mètre. Les eaux, en sortant de ce
        loupe pouvait se prêter à l’exploitation ; mais   gouffre, se précipitent dans la plaine, par
        on a bientôt reconnu que la pauvreté des   une série de cascades naturelles. Leur chute
        terres en soufre en rendrait l’exploitation   fait trembler le sol et s’accompagne d’un
        illusoire.                                bruit affreux. L’eau qui sort de ce goufre
          Outre la Soufrière de la Guadeloupe, dont   est rendue laiteuse par la présence du sou­
        nous venons de parler, le Nouveau Monde   fre, et sa température est'de 66°. Une végé­
        possède la soufrière de Takara, au Pérou, et   tation luxuriante et particulièrement des fou­
        dans les Cordillères du Chili, celle deCesso-   gères de 2 mètres de hauteur, couvrent les
        Azuli, qui se fit jour subitement vers 1850.  environs de la solfatare de Gunnung-Prahou.
          Dans l’Amérique centrale, on connaît      Une autre solfatare célèbre est celle de
        quelques solfatares, dont les vapeurs se ca­  Krisewik, en Islande. Une compagnie an­
        ractérisent par la présence d’acide libre.  glaise avait formé le projet d’exploiter la
          Dans les îles Aléoutiennes, est le pic de   soufrière de Krisewik. Les études géologiques
        Makoushkhin, dont les parois antérieures   faites par M. Eugène Robert, et publiées
        sont couvertes de soufre.                 dans le grand ouvrage intitulé Voyage de
          Enfin, dans les Antilles, à côté de la Gua­  la recherche en Islande et. au Groenland,
        deloupe, les îles de Saint-Dominique et de   étaient la base de ce projet. On sait que ce
        Sainte-Lucie contiennent de magnifiques   voyage fut entrepris, en 1835 et 1836, par
        solfatares.                               ordre du ministre de la marine française,
          En Afrique, parmi les volcans à demi    dans l’espoir de découvrir les preuves de
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