Page 698 - Les merveilles de l'industrie T1
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694                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

           comprennent, à l’ouest, la province de Ca-   aux principes de l’art ou de l’hygiène. Après
           tane, au sud-ouest les provinces de Calta-   avoir foré, une galerie plus ou moins incli­
           nisetta et de Girgenti, et s’étendent à l’ouest   née, on atteint les couches de soufre et on
           jusque dans les provinces de Trapani, et au   taille la galerie en escalier. Des ouvriers ar­
           nord-ouest jusqu’à Païenne.               més de pics (Tnccomerz) détachent le minerai,
             Le minerai de soufre est accompagné de   puis des enfants de dix à douze ans à peine
           sel gemme, de calcaire, de marne et de    (cariizzi) emportent les fragments, s’ils sont à
           sulfate de chaux. Il est mêlé quelquefois à   l’état de blocs sur leurs épaules, et dans des
           du bitume, d’une odeur fétide. La gangue   corbeilles s’ils sont brisés. C’est tout au plus
           qui environne le soufre est calcaire. Rare­  si l’on se préoccupe d’assécher la galerie, ou
           ment le soufre affecte l’état cristallin : il est   de creuser, comme on le fait dans toutes les
           en niasses pulvérulentes.                 mines, une galerie inférieure, pour donner
             Les couches qui recèlent le minerai sou-   l’écoulement aux eaux dans la vallée. Si la
           frier sont inclinées de 35 à 40°. Leur épais­  mine est inondée, on l’abandonne pure­
           seur est excessivement variable, car elle varie   ment et simplement, et on en établit une
           de 3 mètres à 30 mètres. Ce dernier chiffre   nouvelle sur un autre point. Un propriétaire
           se rapporte aux mines de Sommatino, les   a installé, il y a quelques années, une ma­
           plus riches de la Sicile. En raison de cette   chine à vapeur pour épuiser les eaux de sa
           épaisseur, ces dépôts sont véritablement iné­  mine, mais cette nouveauté a trouvé peu
           puisables.                                d’imitateurs.
             Le nombre des points sur lesquels on a    Il faut nous hâter de dire qu'en Sicile
           creusé des mines en Sicile est de 200 ; mais   le combustible fait défaut, que le bois est
           ce chiffre pourrait être aisément doublé; et   rare, et que le terrain ne recèle pas trace de
           si l’on substituait aux moyens grossiers d’ex­  houille. L’absence de routes, qui oblige à
           ploitation aujourd’hui en usage les procédés   transporter le combustible à dos de mulet,
           perfectionnés de l’art des mines, on pour­  est un autre obstacle à l’exploitation des
           rait retirer aisément des soufrières de la Si­  soufrières. Ajoutons que sur cette terre clas­
           cile quatre à cinq fois plus de produits.  sique du brigandage, le pays n’est jamais
             Quoi qu’il en soit, le mode d’exploitation   sûr, et que les populations sont, en général,
           du soufre de la Sicile est des plus gros­  mal disposées pour les étrangers. L’indus­
           siers. Tout se borne à creuser une galerie,   triel et l’ingénieur sont médiocrement por­
           verticale ou oblique, de 30 mètres au plus   tés à créer des entreprises sérieuses dans de
           de profondeur. Les procédés de boisage,   telles conditions, et c’est une chose triste que
           d’étançonnage, qui sont aujourd’hui la base   le contraste entre la prodigieuse richesse
           de toute exploitation minière, sont incon­  minière de la Sicile et les difficultés que
           nus aux ouvriers siciliens. Les soufrières   rencontre l’exploitation de cette richesse.
           sont la propriété d’un petit nombre de fa­  Nous avons dit que la plupart des mines
           milles puissantes, qui les afferment, moyen­  sont abandonnées, par suite de l’envahis­
           nant un quart du revenu qu elles peuvent   sement des eaux. Une société' sicilienne
           fournir, et suivant des baux de courte du­  s’est formée récemment pour exploiter les
           rée conclus avec des entrepreneurs. Ceux-   mines noyées de toute la province de Catane.
           ci s’entendent avec les ouvriers pour extraire   Cette société a déjà réalisé de beaux bénéfi­
           le minerai moyennant une partie du pro­   ces rien qu’en desséchant les mines aban­
           duit qu’on leur abandonne. Personne ne    données et reprenant pour son compte
           s’inquiète de creuser la mine conformément   l’extraction du soufre. Mais que penser de
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