Page 694 - Les merveilles de l'industrie T1
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C90                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                « Ce terrain, ajoute M. Knapp, renferme donc cinq   d’embarquement pour l’Europe, ne reve­
              couches sulfureuses dont l’épaisseur totale est com­
                                                        nait pas à plus de 7 francs les 100 kilo­
              prise entre 3m,5O et 6™,50. l.a couche supérieure
              contient du soufre en grains, présentant la forme et   grammes. Cependant, on n’a point vu figu­
              la grosseur des grains de chènevis ; les autres cou­  rer depuis 1851 le soufre parmi les articles
              ches fournissent des blocs de 0m,05 à 0m,10, d’une   de provenance égy ptienne. Cela est fâcheux,
              grande pureté, puisqu’un échantillon soumis à la
                                                        car ces mines, bien exploitées, auraient en
              distillation ne donne que 0,2 p. 100 de résidu terreux.
              En 1862, ces exploitations ont fourni de 800 à 850   peu de temps, non-seulement fourni tout le
              tonnes de soufre brut ;ce produit est principalement   soufre dont l'Egypte a besoin, mais encore
              employé dans les fabriques de soude de Bohème.
                                                        auraient suffi à une exportation annuelle
               « A Rodoboj.dans la région de Krapina, en Croatie,
              on rencontre des gangues sulfureuses, d’un brun   considérable.
              foncé, composées d’une masse argileuse tendre et   Faute de soins, l’entreprise est restée jus­
              de cristaux de gypse libres ; elles ont de 0m,30 à   qu ici frappée de stérilité. Une exploitation
              0m,50 d’épaisseur. Le soufre s’y trouve en rognons
              d’une couleur jaune foncé dont le poids varie de   plus active et mieux entendue pourrait
              0kil,030 à plusieurs kilogrammes. 11 est assez pur,   triompher des difficultés qui ont empêché la
              et, d’après les analyses de Leithner, ne renferme   réussite d’un premier essai. L’ouverture du
              que 2 à 5 p. 100 de matières étrangères. Par un
              triage à la main et un traitement par l’eau, on com­  canal de Suez ayant changé les conditions
              mence par amener la masse à contenir de 30 à   commerciales de l'Égypte, il est à croire
             70p. iOOde soufre, puis on la soumet à une purifica­  que l’exploitation du gisement de Boghar
              tion dans des fours de sublimation et de distillation.
                                                        pourra être bientôt reprise dans de meil­
               « En 1858, à Rodoboj,la production en soufre épuré
              a été de 90 tonnes (1). »                 leures conditions, et qu’elle deviendra pour
                                                        l’industrie et le commerce de l’Europe une
                L’île de Milo, en Grèce, renferme un gi­  précieuse ressource.
              sement de soufre qui fournit un minerai     Au nord du Brésil, dans la province de
              riche à 40 pour 100, dont on ne retire ce­  Rio-Grande, on exploite les solfatares dont
              pendant que peu de produit.               le produit alimente quelques régions de
                Dans le pachalik de Tripoli, il existe une   l’Amérique méridionale.
              mine de soufre très-importante par l’abon­  Dans cette revue des solfatares dissémi­
              dance et la richesse du minerai.          nées sur le globe, nous ne devons pas ou­
                Dans l’isthme de Suez, au bord de la    blier celle de la Guadeloupe.
              mer Rouge, près de Boghar, et sur une éten­  L’île de la Guadeloupe, aux Antilles, est
              due considérable, se trouve un des plus   traversée du nord au sud, par une chaîne de
              beaux gisements de soufre qui soient au   montagnes volcaniques. Parmi les monta­
              inonde. Découvert en 1850, il fut mis en   gnes dont se compose cette chaîne, et dont
             exploitation en 1851. On retirait du mine­  les sommets sont généralement de forme
              rai 45 pour 100 de soufre très-pur et l’ex­  conique, on distingue : l°la Grosse Monta­
             traction de 100 kilogrammes de soufre ne   gne, les Pitons de Bouillante et ceux des Deux
              revenait pas à plus de 2 fr. 50, vu le bas   Mamelles, volcans aujourd’hui éteints, dont
              prix de la main-d’œuvre. Le transport de   le sommet s’élève à une hauteur de 957 mè­
              la marchandise de la mine jusqu’à Kénch,   tres ; 2° le groupe de Uouel-Mont, d’une hau­
              à cinq journées du désert, s’opérait à dos   teur de 800 mètres environ ; 3° le Morne,
              de chameau, et de Kéneh à Alexandrie, on   dont la hauteur n’est pas exactement con­
              avait le Nil. Avec le prix du transport, le   nue. Mais la plus remarquable de ces mon­
              soufre d'Egypte, rendu à Alexandrie, lieu  tagnes est la Soufrière, qui s’élève, dans la
                                                        partie méridionale de l’île, à 157 mètres au-
               (1) Knapp, Traité de chimie industrielle, traduit de l’al­
              lemand, in<°, Paris, 1873, t. Il, page 5.   dessus du niveau de la mer. C'est un volcan a
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