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                     plantes qui croissent sur le rivage et qui sont ’  brane, comme on le voit sur la figure 323.
                     surtout les salsola et les salicornia, les pre- .   M. Duval Jouve a publié en 1868, dans le
                     mièrcs connues vulgairement dans lé Midi I  Bulletin de la Société botanique de France,
                     sous le nom de barille, les secondes sous   un travail sur les espèces de salicornia.
                     celui de salicor.                           Voici la liste de ces espèces :
                       Dans son ouvrage Botanicon Monspeliense,   1° Salicornia macrostachya;
                     Magnol fait une distinction entre la soude   2° Salicornia fruticosa;
                     provenant des salsola et celle qui était four­  3° Salicornia sarmentosa;
                     nie par les salicornia. La première était   4° Salicornia patula ;
                     plus pure et servait principalement pour la   5° Salicornia Emerici.
                     fabrication du verre. Les Vénitiens venaient   Nous représentons (fig. 324) la salicornia
                     en acheter de grandes quantités, pour leurs   fruticosa des marais d’Antibes.
                     manufactures de miroirs et verroteries. La   Aux salsola et aux salicornia qui étaient
                     seconde était plus mélangée d’impuretés et   brûlées sur les plages de la Méditerranée,
                     ne convenait qu’aux savonneries.          on ajoutait quelques atriplex.
                       Cependant il est certain que les fabri­    Les soudes naturelles les plus renommées
                     cants de soude naturelle des plages de la   sont celles qui proviennent d’Espagne, et que
                     Méditerranée brûlaient ensemble les sal­  l’on désigne sous le nom de soudes N Ali­
                     sola et le salicor, et que la soude obtenue   cante, de Carthagène, de Malaga, de Tortosc.
                     prenait simplement le nom de la localité où   Elles proviennent de la salsola soda, que
                     elle avait été obtenue. On distinguait la soude   l’on cultive avec soin sur les côtes espagnoles
                     de Narbonne et la soude d'Aigues-Mortes.  de la Méditerranée. Ces soudes sont d’une
                       D’après Chaptal la soude de Narbonne ne   grande richesse. Lorsqu’on eut renoncé à
                     renferme que 14 à 15 pour 100 de carbonate   produire de la soude dans le Languedoc,
                     de soude. Le reste est un mélange de chlo­  c’est aux soudes d’Espagne qu’eut recours la
                     rure de sodium, de sulfate de soude, de car­  manufacture de glaces de Saint-Gobain.
                     bonate de chaux, etc. La soude d’Aigues-     Outre les soudes d’Espagne, on connaît les
                     Mortes ne contenait que 6 à 8 pour 100 de   cendres de Sicile, de Cagliari, de Syrie,
                     carbonate de soude.                       d’Alexandrie, d’Egypte, enfin les bourdes
                       Nous représentons (fig. 323, 324) les deux   (soudes communes) de Tunis, de Tripoli, etc.
                     plantes soudières des plages de la Méditer­  Il faut ajouter à cette liste la soude de
                     ranée , la salsola soda et la salicornia her-   Ténériffe qui provient de l’incinération du
                     bacea.                                    mesembryanthemum cristallinum ou ficoide
                        Les salsola sont des plantes annuelles.   glaciale.
                     Elles appartiennent à la famille des Chéno-   M. Payen a démontré, par des expérien­
                     podées.                                    ces directes, un fait assez remarquable :
                        Outre la salsola soda que nous représen­  c’est que cette dernière plante renferme sur
                     tons, on récolte sur les plages du Midi, pour   toute la périphérie de ses tiges, des glandes
                     la fabrication de la soude, la salsola kali,   remplies d’une dissolution incolore d’oxa-
                     qui diffère un peu par son aspect de la salsola   late de soude. Dans l’intérieur des terres
                      soda. Quant à Vasalsola tragus, que plusieurs   continentales, les glandes de la même plante
                      auteurs mentionnent comme une espèce, ce   renferment de l’oxalate de potasse, au lieu
                      n’est qu’une variété de la salsola soda.   d’oxalate de soude.
                      Les ailes du périgone sont rudimentaires,
                      au lieu d’ètre dilatées sous forme de mem­  11 existe une grande analogie entre la soude
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