Page 373 - Les merveilles de l'industrie T1

368 MERVEILLES DE L’INDESTRIE.

Pour juger la température du four, on se qu’à ce que son extrémité apparaisse au fond
sert de montres, composées de petites boules du fourneau.
de pâte de faïence, renfermées dans une Les ornements, figures, décors ou em­
cazette, et que l’on retire de temps en temps, blèmes qui accompagnent le fourneau des
pour juger l’effet de la chaleur sur le bis­ pipes, se font dans le moule même. Les
cuit ou sur le vernis. marques s’impriment avec des roulettes
gravées.
Les faïences fines anglaises reçoivent Un ouvrier mouleur peut façonner envi­
presque toujours des peintures ou des orne­ ron 500 pipes par jour.
ments colorés. Les procédés pour la pein­ Les pipes étant façonnées, on les laisse
ture sur faïence, étant les mêmes que ceux sécher lentement à l’abri du soleil, puis on
pour la peinture sur porcelaine, nous ren­ les porte au four.
voyons leur description au chapitre qui sera La figure 263 représente le fourneau ha­
consacré à la peinture sur porcelaine. bituellement employé en Angleterre pour
la cuisson des pipes. A est le foyer, B l’in­
Dans les faïenceries, la fabrication des térieur du fourneau, C la cazette, dans la­
pipes est un article de première impor­ quelle les pipes sont déposées, D le tuyau de
tance, au point de vue industriel, et elle cheminée, E la porte du four. Un de ces
comporte des opérations particulières. Aussi fourneaux renferme 2,000 pipes, dont la
croyons-nous devoir décrire cette fabrica­ cuisson exige 8 à 9 heures.
tion comme appendice à ce qui précède, en La pipe ne reçoit point de couverte. Cet ob­
ayant toujours en vue la fabrication an­ jet ne consiste qu’en une argile blanche cuite
glaise. purement et simplement. Seulement,comme
La pâte destinée à la confection des pi­ la faïence des pipes est très-absorbante, on la
pes, est une argile plastique blanchâtre, que rend moins happante aux lèvres en trem­
l’on trouve en Angleterre dans les terrains pant l’extrémité du tuyau dans une boue
tertiaires. On l’emploie sans aucune addi­ argileuse, composée d’eau et d’argile grasse.
tion de matières dégraissantes. Quand elle Une mince couche d’argile se dépose ainsi
a été convenablement passée au gàchoir et au bout du tuyau. Quand cette couche d’ar­
battue, on prend une boule de pâte et on gile est sèche, on la polit en la frottant
la façonne en tuyau, au moyen d’un moule. avec une flanelle. S’il s’agit de pipes plus
On ajoute à ce tube une petite masse pour fines, on les frotte avec une flanelle imbi­
faire le fourneau de la pipe. Alors un au­ bée d’un vernis, composé de savon, de cire
tre ouvrier perce le tuyau avec une tige et de gomme, que l’on a fait bouillir en­
de laiton huilée. Tenant l’aiguille encore semble dans de l’eau.
en place, le même ouvrier met le cylin­ encastage des pipes, c’est-à-dire leur
dre de pâte dans un moule formé de installation dans les cazetles, pour la cuisson,
deux coquilles de cuivre, qu’il serre au se fait en France et en Allemagne, d’une
moyen d’une vis de pression. Les fourneaux façon particulière et toute différente de ce
de pipes sont ainsi modelés. L’objet mo­ qui est en usage en Angleterre. Quand la
delé étant retiré du moule, un troisième cazette est remplie de pipes, on y verse une
ouvrier achève le fourneau de la pipe, en poussière de terre cuite. Cette poudre, s’in­
enfonçant le doigt à l’intérieur de ce four­ troduisant dans les interstices et dans les
neau, et égalisant ses bords. On termine le vides que les pipes laissent entre elles, les
tuyau en poussant l’aiguille de laiton jus­ maintient et les empêche de se déformer.