Page 374 - Les merveilles de l'industrie T1
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POTERIES, FAÏENCES ET PORCELAINES.                            369


              Les fours dans lesquels on cuit les pipes   nopole, et l’habileté industrielle de ses potiers ne
                                                      s’est jamais démentie. Aussi, depuis le commence­
           en Allemagne et en France sont petits,
                                                      ment de ce siècle, sa production n’a-t-elle point
           et leurs formes cylindriques-rectangulaires,   cessé de s’accroître; on l’eslime aujourd’hui à près
           comme le montre la figure 263.             de 53 millionsde francs; ce chiffre représente les trois
                                                      quarts de la production européenne. Une faible par­
                                                      tie seulement de ces poteries est destinée à l’Angle­
                                                     terre, la majeure partie, estimée à 35 ou 40 millions
                                                     de francs, est livrée à l’exportation. Les États-Unis,
                                                     le Brésil, les Indes, l’Australie, etc., en sont les
                                                     principaux consommateurs, et la France elle-
                                                     même, malgré la perfection actuelle de sa fabri­
                                                     cation, demande encore à l’Angleterre environ
                                                     800,000 francs de faïences fines chaque année.
                                                       «C’est dans un petit nombre de grandes manufac­
                                                     tures,dans un nombre beaucoup plus considérable de
                                                     petites fabriques qu’a lieu cette énorme production.
                                                     Grands et petits, tous ces établissements, au nombre
                                                     de 200 environne trouvent groupés,se touchant pres­
                                                     que les uns les autres, au centre de l’Angleterre, dans
                                                    l un district du St'affordshire, dont l’étendue ne dé­
                                                     passe pas 4 à 5 lieues carrées. Ce district n’avait au­
                                                     trefois aucune importance ; à la fin du siècle der­
                                                     nier, on y trouvait à peine 6,000 habitants ; il en
                                                     avait 31,000 en 1810; on en compte 125,000 aujour­
                                                      d’hui. Sur ce nombre, 30,000 personnes, dont 10,000
                                                     femmes, sont directement employées à la fabrication
                                                      des faïences fines et de la porcelaine tendre.
                                                       «Plusieurs villes s’y rencontrent, Burslem, Stoke-
                                                     on-Trent, Loughton, Newcastle-under-Lyme,etc., qui
                                                     comptent 15 et même 20,000 habitants. En tête des
                                                     grands établissements que ces villes renferment se
                                                     place la célèbre manufacture de MM. Minton, à
                                                     Stoke-on-Trent ; 1,500 à 1,600 ouvriers y travaillent
                                                    I journellement à la production de la faïence fine et
                                                     de la porcelaine tendre; de toutes les usines céra­
                                                     miques de l’Angleterre, elle est la plus considérable,
                                                     et c’est seulement sur le continent que nous en re­
                                                     trouverons d’aussi importantes. A côté de la manu­
                                                     facture de MM. Minton s’en placent quelques autres
                                                     dans lesquelles le nombre varie de 600 à 400 ; telles
                 Fig. 263. — Four pour cuire les pipes.  sont celles de MM. Copeland, Ridgway, Wedgwood,
                                                     Pinder-Bourne, Jones, Brownfield, etc.; mais bientôt
                                                     ce chiffre s’abaisse et l’on ne trouve plus que ces
             Le Rapport sur les faïences fines rédigé   petites fabriques, au nombre de plus de 150, qui
           par M. Aimé Girard, dans la collection    emploient une centaine de personnes environ et
                                                     souvent descendent jusqu’à 30 ou même 20 ouvriers.
           des Rapports sur l’exposition universelle
                                                       « Parmi ces fabriques, les plus considérables seule­
           de 1867, et que nous avons déjà cité,     ment s’astreignent à poursuivre la série complète
           renferme des détails pleins d’intérêt sur l’or­  des opérations successives qu’exigent le broyage, le
                                                     mélange, le raffermissement, le façonnage et la
           ganisation des fabriques de faïences en An­
                                                     cuisson des pâtes. Les autres ne sont quelquefois que
           gleterre.                                 de simples ateliers de façonnage : la famille aidée
                                                     d’un petit nombre d’ouvriers en constitué tout le
             «On ne saurait être surpris, dit M. Aimé Girard, de   personnel ; la pâte en masse est achetée toute prépa­
           trouver l’Angleterre au premier rang des pays pro­  rée ; puis, après l’avoir façonnée, le potier la porte
           ducteurs de faïences fines. Elle a créé la fabrication   cuire dans un four voisin. D’autres fois, l’entreprise
           de cette poterie, longtemps elle en a gardé le mo-  a plus d’étendue; au lieu d’acheter la pâte toute
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