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372 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
à la production de services de table et de toilette « Poterie à pâte dense, très-dure, sonore,
élégants et soignés, dont le chiffre de vente s’élève,
« opaque, à grain plus ou moins fin, de
chaque année, à près de 1,500,000 francs. L’impor
tation des faïences étrangères, qui depuis dix ans « couleur variée. Elle est sans vernis ou
n’a fait que décroître dans ce pays, n’atteint pas « enduite d’un vernis de sel marin ou
aujourd’hui 100,000 francs. En Norwége, au con « d’oxyde de plomb ; quelquefois la cou-
traire, où l’on ne trouve aucune fabrique de faïence « verte est simplement terreuse. »
fine, l’importation anglaise s’élève à plus de 250,000
francs. Les grès-cérames sont de l’invention par
« Russie. — Nous ne connaissons qu’une seule fa ticulière de Wedgwood. C’est dans ses
brique de faïence fine en Russie, celle de M. Paul usines que l’on fit, pour la première fois,
Gardner, à Verbilk, gouvernement de Moscou; la
porcelaine y est fabriquée concurremment avec le usage du sel marin pour vernisser les piè
produit qui nous occupe; les produits de cette usine, ces. Le vernis qui caractérise ces pote
où figurent 300 ouvriers, sont en partie consommés ries, s’obtient, comme nous l’avons dit
sur place, en partie exportés en Perse et en Boukharie.
« Italie. — La fabrication de la faïence fine y est dans la partie historique de ce travail, avec
limitée, et l’on cite seulement comme adonnées à la plus grande économie, en jetant tout sim
cette industrie, la fabrique de M. Palme, à Pise, et plement du sel marin dans le foyer. Le chlo
la manufacture importante de M. Richard, à Milan. rure de sodium, étant volatil, se répand dans
Dans cette dernière usine, 300 ouvriers font à la fois
de la faïence fine et de la porcelaine ; le nombre des le four ; il vient se condenser sur les pote
pièces de faïence fine s’y élève annuellement à ries de grès, et là, décomposé par la silice
1,500,000. Mais cette fabrication est loin de suffire du grès, il donne naissance à du silicate de
aux besoins de l’Italie, car l’importation des poteries
soude, véritable verre transparent, qui fond
autres que la porcelaine, s’élève dans ce pays à
2 millions de francs. et enveloppe la poterie d’un enduit inco
<< Espagne. — Trois fabriques de faïence fine sont lore et brillant.
établies en Espagne : celle de M. Pickmann et Cie,
prèsdeSéville, laMonclea, près de Madrid, et l’Alcora, La pâte des grès-cérames est essentielle
près de Castiîlon ; nous n’avons pu nous procurer au ment composée d’argile plastique dégraissée
cun renseignement sur le chiffre de production de par du sable, du silex ou des fragments de
ces usines; celle de Séville est très-importante, on es
time à près de 1,000 le nombre des ouvriers qu’elle poterie cuite (que l’on nomme ciment). La
emploie à la fabrication de la faïence fine. couverte, fournie par le sel marin, consiste
« Portugal. — Une manufacture de faïence fine a en silicate de soude. Quelquefois la cou
été fondée en ce pays, il y a quinze ans environ, verte est un émail plombifère; d’autres fois
aux portes de Lisbonne, à Sacavem ; mais cette ma
nufacture ne semble pas avoir pris un grand déve elle est produite par du laitier de forge, de
loppement, car le chiffre d’importation des faïences la pierre ponce, des scories volcaniques ou
anglaises en Portugal s’élève encore chaque année du feldspath. Mais ce mode de vernissage est
à un chiffre important (1). »
exceptionnel. Le sel marin est l’agent pres
que constant du vernissage des grès-cé
rames.
Le façonnage des grès-cérames est tantôt
CHAPITRE XXXIV grossier, et se bornant à l’ébauchage au tour,
tantôt délicat, soigné, se composant de l’é
LES GRÈS-CÉRAMES OU POTERIES DE GRÈS; LEUR
bauchage, du tournassage et des garnissages
FABRICATION.
les plus riches.
La cinquième classe de poteries établie par La cuisson est presque toujours simple,
Brongniart, sous le titre de grès-cérames, et demande une très-haute température
est caractérisée par l’auteur comme il suit : (de 100 à 120 degrés du pyromètre de
Wedgwood). La cuisson est simple lorsque
(1) Rapports sur l’exposition de 1867, in-8°, t. V, p. 125-
le vernis est obtenu au moyen du sel
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