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366 MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.
tion (1), mais une transformation positive, > siette, et l’on s’arrête lorsque celle-ci a été
puisque cette précaution a été de tout temps amené à l’épaisseur convenable. Des re
jugée nécessaire par les opérateurs. Quand pères placés sur le couteau font juger
elle a subi le temps nécessaire de pourri quand ce point est atteint.
ture (qui varie de six à huit mois), la pâte est Pour façonner les pièces analogues par
bonne à employer. Elle est alors très-fine, leur forme aux plats ou aux assiettes, on a
très-longue et se travaille facilement, qua des galibres ou gabarits représentant le pro
lités qu’elle ne possédait pas avant son long fil exact à donner à la pièce. Mais il faut que
stage dans l’immobilité. la forme de la pièce soit circulaire. Les piè
Le façonnage des pièces de faïence fine ces ovales, carrées, rectangulaires, etc., ne
se fait, comme toutes les autres poteries, au i peuvent se façonner sur le tour, qui ne donne
tour, par débauchage et le tournassage, deux que des formes circulaires. Pour ces autres
opérations que nous n’avons plus à décrire. pièces on a recours au moulage. La pâte de
Les pièces sont terminées sur le tour, avec faïence est coulée à l’état de bouillie li
des calibres. quide, dans des moules de plâtre. Le plâtre
Pour les pièces plates qui sont fabriquées absorbe l’eau et la pâte à demi desséchée
en grand nombre, telles que les assiettes, on reste à l’intérieur du moule ; de là on l’extrait
a un moule en plâtre qui représente le des au bout de quelques minutes.
sous de l’assiette. On place le moule sur le Les faïences fines anglaises se cuisent
tour, et on applique sur ce moule une pla dans des fours qui ressemblent en tous points
que de pâte, qu’on comprime et qu’on étend à celui que nous avons figuré pour la faïence
uniformément pendant que le tour est en commune (page 358). La houille est, nous
mouvement. Quand on a obtenu ainsi une n’avons pas besoin de le dire, le seul combus
assiette grossière, on l’entaille peu à peu et tible employé dans les faïenceries anglaises.
régulièrement avec un instrument fixe en Le biscuit de faïence fine, c’est-à-dire les
laiton ou en acier, dont le tranchant repré pièces ayant subi la première cuisson, est
sente le profil à donner à la surface exté porté à l’atelier, pour recevoir la couverte
rieure de l’assiette. ou vernis.
Cet instrument se nomme calibre on ga La couverte s’applique, en général, par
barit. Il est représenté dans la figure 262, immersion. L’émail bien divisé par la por
qui fait voir un ouvrier façonnant une phyrisation est délayé dans l’eau que con
assiette avec le gabarit. tient une cuve de bois, et l’ouvrier plonge
Cet instrument se compose, comme on le rapidement la pièce dans cette cuve. La
voit, d’une sorte de couteau de laiton ou pâte absorbante du biscuit retient une cer
d’acier, fixé à un montant de bois qui n’est taine quantité de la poudre d’émail qui reste
pas mobile et qui est placé près du disque à la surface de la pièce.
tournant du tour à pied. Nous avons déjà représenté (fig. 261, page
Le tranchant du couteau du gabarit re 361) la manière d’appliquer le vernis par
présente la moitié du profil de l’extérieur de immersion.
l’assiette. On fait descendre ce couteau pro D’autres fois le dépôt de la couverte se
gressivement, de manière à entailler l’as- fait par simple arrosement, c’est-à-dire en
versant sur la pièce à vernir de l’eau qui
(1) Ce que l’on sait seulement, c’est que l’oxyde de fer tient en suspension l’émail porphyrisé.
doit se dissoudre avec le temps, passer à l’état de sulfate
soluble, qui disparaît et laisse la pâte plus blanche et plus La pièce vernissée est reportée au four,
ductile. qui est moins chauffé que pour la pre