Page 371 - Les merveilles de l'industrie T1
P. 371

366                  MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.


                    tion (1), mais une transformation positive, >  siette, et l’on s’arrête lorsque celle-ci a été
                    puisque cette précaution a été de tout temps   amené à l’épaisseur convenable. Des re­
                    jugée nécessaire par les opérateurs. Quand   pères placés sur le couteau font juger
                    elle a subi le temps nécessaire de pourri­  quand ce point est atteint.
                    ture (qui varie de six à huit mois), la pâte est   Pour façonner les pièces analogues par
                    bonne à employer. Elle est alors très-fine,   leur forme aux plats ou aux assiettes, on a
                    très-longue et se travaille facilement, qua­  des galibres ou gabarits représentant le pro­
                    lités qu’elle ne possédait pas avant son long   fil exact à donner à la pièce. Mais il faut que
                    stage dans l’immobilité.                  la forme de la pièce soit circulaire. Les piè­
                      Le façonnage des pièces de faïence fine   ces ovales, carrées, rectangulaires, etc., ne
                    se fait, comme toutes les autres poteries, au i  peuvent se façonner sur le tour, qui ne donne
                    tour, par débauchage et le tournassage, deux   que des formes circulaires. Pour ces autres
                    opérations que nous n’avons plus à décrire.   pièces on a recours au moulage. La pâte de
                    Les pièces sont terminées sur le tour, avec   faïence est coulée à l’état de bouillie li­
                    des calibres.                             quide, dans des moules de plâtre. Le plâtre
                      Pour les pièces plates qui sont fabriquées   absorbe l’eau et la pâte à demi desséchée
                    en grand nombre, telles que les assiettes, on   reste à l’intérieur du moule ; de là on l’extrait
                    a un moule en plâtre qui représente le des­  au bout de quelques minutes.
                    sous de l’assiette. On place le moule sur le   Les faïences fines anglaises se cuisent
                    tour, et on applique sur ce moule une pla­  dans des fours qui ressemblent en tous points
                    que de pâte, qu’on comprime et qu’on étend   à celui que nous avons figuré pour la faïence
                    uniformément pendant que le tour est en   commune (page 358). La houille est, nous
                    mouvement. Quand on a obtenu ainsi une    n’avons pas besoin de le dire, le seul combus­
                    assiette grossière, on l’entaille peu à peu et   tible employé dans les faïenceries anglaises.
                    régulièrement avec un instrument fixe en    Le biscuit de faïence fine, c’est-à-dire les
                    laiton ou en acier, dont le tranchant repré­  pièces ayant subi la première cuisson, est
                    sente le profil à donner à la surface exté­  porté à l’atelier, pour recevoir la couverte
                    rieure de l’assiette.                     ou vernis.
                      Cet instrument se nomme calibre on ga­    La couverte s’applique, en général, par
                    barit. Il est représenté dans la figure 262,   immersion. L’émail bien divisé par la por­
                    qui fait voir un ouvrier façonnant une    phyrisation est délayé dans l’eau que con­
                    assiette avec le gabarit.                 tient une cuve de bois, et l’ouvrier plonge
                      Cet instrument se compose, comme on le   rapidement la pièce dans cette cuve. La
                    voit, d’une sorte de couteau de laiton ou   pâte absorbante du biscuit retient une cer­
                    d’acier, fixé à un montant de bois qui n’est   taine quantité de la poudre d’émail qui reste
                    pas mobile et qui est placé près du disque   à la surface de la pièce.
                    tournant du tour à pied.                    Nous avons déjà représenté (fig. 261, page
                      Le tranchant du couteau du gabarit re­  361) la manière d’appliquer le vernis par
                    présente la moitié du profil de l’extérieur de   immersion.
                    l’assiette. On fait descendre ce couteau pro­  D’autres fois le dépôt de la couverte se
                    gressivement, de manière à entailler l’as-  fait par simple arrosement, c’est-à-dire en
                                                              versant sur la pièce à vernir de l’eau qui
                     (1) Ce que l’on sait seulement, c’est que l’oxyde de fer   tient en suspension l’émail porphyrisé.
                    doit se dissoudre avec le temps, passer à l’état de sulfate
                    soluble, qui disparaît et laisse la pâte plus blanche et plus   La pièce vernissée est reportée au four,
                    ductile.                                  qui est moins chauffé que pour la pre­
   366   367   368   369   370   371   372   373   374   375   376