Page 367 - Les merveilles de l'industrie T1
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362                   MERVEILLES DE L’INDUSTRIE.

                  avec addition d’une marne calcaire dite de   Reyna, dans la Nouvelle-Castille, province
                  Fondète.                                  de Tolède, des faïences à biscuit assez dense,
                    A Nevers, on emploie pour fabricpier la  jaunâtre, qui est couvert d’un émail blanc
                  faïence un mélange de terre blanche, qu’on   bien glacé. Le nom de Talavera, par lequel
                  extrait, près de la ville, d’un lieu nommé la   on désigne en Espagne toutes ces faïences,
                  Raye, de terre jaune, argile sableuse ex­  vient de celui de la ville, où elles étaient
                  traite aux Chaumoines, et de terre grise, ar­  fabriquées autrefois avec une grande per­
                  gile moins sableuse, extraite aux Neuf Pi­  fection.
                  liers.                                      Nous avons parlé dans la partie historique
                    La faïence de Rouen, autrefois si renom­  de ce travail, des faïences de Delft, en Hol­
                  mée, est aujourd'hui réduite à une seule usi­  lande, faïences remarquables par la glaçure
                  ne importante. L’argile qu’on y emploie s’ex­  de leur émail, sur lequel on exécutait des
                  trait de la forêt de Lalondes, près de Rouen,   peintures, qui joignent à une grande fines­
                  de Saint-Aubin-la-Campagne à l’est de     se, des couleurs assez vives. Mais aujour­
                  Rouen, de Bosc-Roger, de Thuit-Ilébert, et   d’hui, comme nous l’avons dit, cette belle
                  de Forges-les-Eaux. On y ajoute du sable de   industrie a déserté la Hollande.
                  Decize, qui est fusible, ou bien un grès    Les faïences actuelles d’Italie, et surtout
                  pulvérisé, que l’on extrait des environs de   celles de Savone en Piémont, ainsi que
                  Pithiviers.                               celles de Naples, ont beaucoup perdu de
                    Au Havre, la faïence commune se fabri­  leur ancienne supériorité, et sont inférieures
                  que avec des argiles de Saint-Aubin, des   aux faïences française, espagnole et alle­
                  terres prises au bord de la mer et des marnes   mande. Seule, la fabrique de Doccia, près
                  des prés.                                 de Florence, dont nous avons longuement
                    A Lunéville et Sarreguemines, où existent   parlé plus haut, produit des ouvrages juste­
                  des faïenceries très-importantes, les argiles   ment estimés.
                  sont tirées des localités environnantes.
                    La faïencerie de Gien (Loire) emploie
                  de l’argile de Neuvy, qui arrive par bateaux,
                  mélangée à un kaolin impur, que l’on ex­
                                                                      CHAPITRE XXXIII
                  trait entre Gannat et Montluçon (Allier) et
                  de cailloux siliceux du lit de la Loire. Ces
                                                            LA FAÏENCE FINE OU FAÏENCE ANGLAISE. — PROCÉDÉS POUR
                  cailloux sont calcinés dans l’usine. L’argile   SA FABRICATION EN FRANCE ET EN ANGLETERRE.
                  donne à la pâte la plasticité, le kaolin la
                  blancheur, la silice la résistance. Les fabri­  Cette poterie, qui constitue la quatrième
                  ques de Gien produisent beaucoup de faïen­  classe établie par Brongniart, est caractéri­
                  ces communes, peintes ou colorées.        sée en ces termes, par le célèbre céramiste :
                    Toutes ces faïenceries chauffent leurs   « Pâte blanche, opaque, à texture fine, dure
                  fours à la houille.                       « et sonore, recouverte d’un vernis cristal-
                                                            « lin, plombifère. »
                    En Allemagne, les fabriques de faïence    La faïence fine est un produit d’invention
                  commune sont très-nombreuses.Celles de Co­  moderne. C’est à la fin du siècle dernier
                  logne sont citées comme les plus avantageu­  qu’elle commença à être fabriquée en An­
                  ses pour l’usage et pour les qualités du décor.  gleterre, par Wedgwood. Nous avons déjà
                    On fait en Espagne, dans diverses provin­  raconté la découverte fortuite sur laquelle
                  ces, mais principalement à Talavera-de-la-   repose la fabrication de ce produit. L ad­
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