Page 30 - Decrets mars
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                  dont les chefs sont ici présents depuis  tant de jours,  tous, vous
                  n'avez  cessé  de nous  montrer par de:,  sacrifices votre dévoue-
                  ment. ..  Je  réunis  dans  mon  cœt1r  tout  ce  qu'il  peut contenir
                  de bénédict10ns et de reconnaissance  et  je  vous  l'offre  comme
                  témoignage  d'éternelle  amitié  en  ce  jour  de  deuil et  de  sépa-
                  ration ...  •
                    Tous  ces  hommes  profondément  remués  s'approchent  alors
                  des  Pères pour leur donner,  une  dernière fois,  une  poignée de
                  mains et un  baiser d adieu ; les yeux sont pleins de larmes ...
                    Tout à coup  on  entend  le  cri:  • les voilà!  »  On  sig-nale en
                  effet sous  les  murs  de  Saint-Bon  les  baïonnettes  des  soldats
                  qui viennent  intercepter les  communications  entre  le  couvent
                  et la ville;  il  est onze  heures quinze  minutes.  Ce  détachement
                  du 30m•  de ligne,  sous la  conrluite  d'un  lieutenant,  vient  pren-
                  dre  position  devant  la  grille  de  la  petite cour.  Là  et vers  la
                  croix  du village,  c'est-à-dire  aux  deux  extrémités  de la  rue,
                  deux  brigades  de  gendarmerie  forment  en  même  temps  une
                  barrière devant laquelle  les amis attardés sont impitoyablement
                  retenus.  Un  seul homme  obtient de  passer,  c'est le  malheureux
                  serrurier qui  ne  craint pas de  prêter la  force  de  ses  bras à cette
                  œuvre inique. Il  dépose ses outils devant la  grille et pâle, défait,
                  ne sachant à qui  parler,  tourne le  dos  au  couvent  et  s'appuie
                  contre la porte.  Quelques  minutes  après,  on  entend le  roule-
                  ment d'une  voiture;  c'est celle d'Olivier!  ! !  il  la  conduit  en
                  personne  jusqu'auprès  de  l'enceinte.  On  en  voit  descendre
                  M.  le  sous-préfet,  son secrétaire, M.  Levrny et M.  le  lieutenant
                  de gendarmerie,  Guérillot.  Le premier échange quelques  mots
                  d'intelligence  avec  le  crocheteur,  salue  le  lieutenant  de  la
                  troupe,  et  tire  lui-même  le  cordon  de  la  sonnette.  Alors,
                  accompagné de ~J.  le  vicomte  Fernex,  mandataire du  proprié-
                  taire,  de  MM.  les  avocats  Ramel,  Bergoënd et Bordeaux,  de
                  M.  Mudry,  avoué,  adjoint  au  maire  de  la  ville de Thonon,  de
                  MM.  Ramel et Vaudaux,  notaires,  de  Mi\'l.  Auger et  Dépierre,
                  témoins,  le  R.  P.  Frédéric,  gardien,  se  présente et  demande à
                  M. Carion  ce  qu'il  désire.  Le  fonctionnaire  répond  qu'il  vient,
                  au  nom  de  la loi,  dissoudre la  communauté,  et demande à être
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