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de la ville ayant catégoriquement refusé leurs concours, elle
avait dû se pomvoir d'un ouvrier étranger à la localité.
Sur ces renseignements, les précautions redoublèrent, l'exé-
cution était en effet imminente.
VI. L'exécution des décrets.
Le lendemain matin, entre neuf et dix heures, le pere
temporel fut instruit qu'il se faisait à la sons-préfecture
certains préparatifs dénotant chez son hôte l'tntentwn mam-
feste d'exercer, ce jour même, une fonction extraordinaire.
L'avertissement fut aussitôt donné à Concise. Mais quelque
hâte qu'on eut apporté à prévenir les amis des Pères, la dih-
gence de M. Emile Carion empêcha un grand nombre d'entre
eux d'arriver à temps sur le théâtre de ses futurs états de
service. Si tons ceux qui avaient demandé qu'on les avertit,
avaient pu l'être assez tôt, nous aurions Hé, soit de la v1lle,
soit des campagnes voisines, plus de deux mille hommes a
cette manifestation pacillque. Néanmoins, une foule considé-
rable composée de personnes de tout sexe, de tout âge et de
tout rang, couvre le chemin de Concise. Les femmes apportent
des jardins d'alentour à l'église une ample prov!Slon de feml-
lage el de lleurs dont elles veulent faire hommage aux persé-
cutés : les hommes pénètrent dans l'intérieur du cloitre et se
mettent à la disposition des religieux. Le R. Père Gardien, les
réunit au réfectoire, wsuffisant à les contemr. Tout le monde
est à jeun, mais l'impression est trop grave, nul ne songe :i
soi· on reste debout, silencieux, suffoqué. Le Père Fredenc
adresse aux assistants ses adieux au uom de la commnnaute :
« Je sais, Messiems, que le temps n'est pas à la parole, mais au
courage que donne la foi, à l'énergie calme ... Mes confrères et
moi nous ne pouvons cependant nons séparer sans vous remer-
cier de toute notre àme .....
Il me faudrait tous vous nommer, vous, Monsieur le curé ei
vos vicaires, Je clergé, notre conseil, les familles nombreuses