Page 29 - Decrets mars
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        de la ville  ayant  catégoriquement  refusé  leurs  concours,  elle
        avait dû se pomvoir d'un ouvrier étranger à la  localité.
          Sur ces  renseignements,  les  précautions redoublèrent,  l'exé-
        cution  était en effet imminente.



                   VI.  L'exécution  des  décrets.

         Le  lendemain  matin,  entre  neuf  et  dix  heures,  le  pere
        temporel  fut  instruit  qu'il  se  faisait  à  la  sons-préfecture
        certains  préparatifs  dénotant  chez  son  hôte  l'tntentwn  mam-
        feste  d'exercer,  ce  jour  même,  une fonction  extraordinaire.
        L'avertissement  fut  aussitôt  donné  à  Concise.  Mais  quelque
        hâte qu'on  eut  apporté à prévenir  les  amis  des  Pères,  la  dih-
       gence  de  M.  Emile  Carion  empêcha  un  grand nombre  d'entre
        eux  d'arriver  à  temps  sur  le  théâtre  de  ses  futurs  états  de
       service.  Si  tons  ceux  qui  avaient  demandé  qu'on  les  avertit,
       avaient  pu  l'être  assez  tôt,  nous  aurions  Hé,  soit de  la  v1lle,
       soit des  campagnes  voisines,  plus  de  deux  mille hommes a
        cette  manifestation  pacillque.  Néanmoins,  une foule  considé-
       rable  composée  de  personnes  de  tout sexe,  de  tout âge et de
        tout rang,  couvre le chemin de Concise.  Les femmes  apportent
       des  jardins  d'alentour à l'église  une  ample  prov!Slon  de  feml-
       lage el  de  lleurs  dont  elles veulent  faire  hommage aux persé-
       cutés :  les  hommes  pénètrent  dans  l'intérieur du  cloitre et se
       mettent à la disposition  des  religieux.  Le R.  Père Gardien,  les
        réunit  au  réfectoire,  wsuffisant à les contemr.  Tout  le  monde
        est à jeun,  mais  l'impression  est  trop  grave,  nul  ne songe :i
       soi·  on  reste  debout,  silencieux,  suffoqué.  Le  Père  Fredenc
        adresse  aux  assistants  ses  adieux au  uom  de la  commnnaute :
        « Je sais,  Messiems,  que  le  temps  n'est pas à la parole, mais au
        courage que  donne  la foi,  à l'énergie calme ...  Mes  confrères et
        moi nous  ne pouvons cependant nons séparer sans vous  remer-
        cier de  toute notre àme .....
         Il  me faudrait  tous vous  nommer,  vous,  Monsieur le curé ei
        vos  vicaires,  Je  clergé,  notre  conseil,  les familles  nombreuses
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