Page 26 - Decrets mars
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                    eux  :  un  misérable  grabat  avec  deux  pouces  de  paille,  une
                    cellule  de  quelques  pieds  carrés.. dénudée  et  sans  feu,  une
                    cloche  qui,  à chaque heure  du  jour  et  une  fois  la  nuit,  vous
                    appellè de  cette couche  et  de  ce  réduit,  une  soupe dans  des
                    plats de  terre et de bois, sept ou  huit mois  de jeûne et d'absti-
                    nence,  d'interminables  prières,  le  confessionnal,  des  courses
                    de  tous  les  côtés  pour  porter  la  parole  de  Dieu  dans  les
                    campagnes ou  ses consolations aux  malades ;  les  pieds  nus  et
                    glacés,  un  vêtement de bUl'e  qui  n'abrite  pas  assez  en  hiver
                    et  beaucoup  trop  en  été,  l'obéissance,  l'étude,  la  privation
                    de  toutes  les jouissances  du  monde,  voilà  ce  qu'un  gouverne-
                    ment persécuteur  des  moines  nous  a  forcés  <le  voir  pendant
                    plusieurs semaines et nous forcera de  redire pendant que  nous
                    aurons une voix.
                      Odieux  détracteurs!  C'est  pendant  que  nous  assistions  a
                    cette vie de pénitence que le bruit de leurs infâmes  accusations
                    arrivait jusqu'à nous. Ces  repus  du  régime  actuel,  tremblant
                    de  peur  au  simple  réveil  des  sympathies  que  recueillaient
                    leurs victimes,  se creusaient chaque jour la  tête pour inventer,
                    avec la garantie  du  gouvernement,  de  nouvelles  machwes
                    à broyer les  moines.  -  « Que  faire de ces moines ! ... Pourq1101
                    ne  pas  les  chasser.  Il  serait  mieux  d'en  faire  des  soldats,
                    des  pères  de  familles ..... On  devrait  les  forcer  à  payer  les
                    impôts comme  tous  les  autres citoyens,  etc.  » On  alla jusqu·a
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                    assurer  qu'ils  ne  savaient  que  faire  des  denrées,  produits
                    de  la  charité  publique,  et  qu'ils  les  enfouissaient  dans  leur
                    jardin pour engraisser les  terres ! ! !. ..
                      Nous  ne savons  si  cette dernière  bourde  n'a pas fait  plus de
                    torts  à  ceux  qui  l'imaginèrent  qu'aux  pauvres  religieux  de
                    Concise,  mais  il est certain que  nos  bons  paysans  n'étaient pas
                    tous à même de  trouver la  réplique à ces indignes attaques.

                      1   Les Capucins  de  Thonon  venaient  de  verser,  3  Juillet  1.880,.
                    pour leurs contributions,  la  somme  de  Hi  fr.  18,  daus la caisse
                    du  Percepteur.  On  peut  en  demander  la  preuve  au  bureau  de
                    M.  Harès.  Dans ce  chiffre n'est pas compris celui des contr1but10ns
                    foncières  s'élevant à une somme égale.
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