Page 21 - Decrets mars
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   de la  première pierre de l'église qui  eut  lieu solennellement  le
   f4 juillet 1860,  sous l'invocation  de  Notre-Dame des sept Dou-
   leurs, par le  ministère  t.le  défunt M. le chanoine Trincaz, archi-
   prêtre,  curé de Thonon.
     La consécration  n'en fut  faite  que bien  plus tard,  le 10 juillet
   i874 par Sa Grandeur,  de  très  regrettée  mémoire,  Mgr Claude
   Marie Magnin,  évêque d'Annecy.
     Nous  invitons nos  lecteurs à remarquer cet important détail:
   le bail  de  location  était déjà passé et le monastère existait à l'état
   de  bâtiment  et de  communauté  lorsque  fut  posée la première
   pierre de  la  chapelle.  C'est sur cette date,  en  effet,  que  repo-
   saient.  non  sans  fondement,  toutes  les  espérances que  nous
   avons  longtemps  conservées  de  voir  épargner  au  couvent  de
   Concise  l'expulsion  de  ses  habitants.
     La  Savoie était alors dans  une situation  tout  exeptionnelle:
   les lois Sardes y étaient encore en  vigueur et l'existence  légale
   de  ses  congrégations devait être reconnue et garantie  bientôt
   par les  traités d'annexion  à la  France.
     Aussi le  R.  Père Gardien  de  Concise,  interrogé un  jour  par
   le  commissaire du  gouvernement  sur la question  de  savoir  si
   ses religieux  étaient autorisés,  n'hésita-t-il pas à répondre atlir-
   mativement.  Comment  donc  s'est-il  fait  qu'avant  de  l'avoir
   sommé d'en  montrer les  preuves et que sans autres  pourparlers
   préalables, on soit venu briser sa clôture et crocheter ses  portes?
   C'est  le  secret  d'un  gouvernement  qui  apprécie,  avant toute
   autre chose,  la  raison du  plus  fort.
     Tout  en  espérant,  les  amis  des  Pères,  frappes  du  silence
   gardé  par l'autorité,  ne  laissaient pas que  de  trembler  pom
   eux.  Il  y a dans  l'air,  à l'approche des ouragans,  des  présages
   que l'on  ne sait définir, mais qui  ne  trompent guère et que cha-
   cun  ressent.  Des  bruits  couraient,  sans  qu'on  en  découvrît
   l'origine et  ces bruits  n'étaient  que  trop  hostiles à nos  chers
   religieux pour que l'instinct de  notre affection  ne  nous  donnât
   l'éveil.
     La  surexcitation  causée dans les esprits par la fête du f4 juil-
   let,  rappelant  les  tristes  saturnales  révolutionnaires,  prit le
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