Page 17 - Decrets mars
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sont eux qui ont transformé, par enchantement, ces villes po-
puleuses et florissantes, ces belles et riantes campagnes, nos
vallées si fécondes, nos montagnes alpestres, nagnères déserts
horribles, marais insalubres et forêts épaisses abandonnées
aux animaux féroces. Tenez-vous à vous en convaincre'! Allez
donc les surprendre à J'œuvre dans les déserts du Staouëli,
dans la campagne romaine ou plus près, à deux pas de nous,
dans l'ancienne principauté des Dombes.
Ils ont cultivé non seulement la peinture, la sculpture et
l'architecture, ils ont excellé dans tous les arts mécaniques et
indu-;triels. Et cela s'explique sans beaucoup d'efforts. Chaque
monastère devant se suffire à lui-même, il fallait là des ouvriers
de toutes les parties, et c'est ce qui a donné lieu à ces belles
corporations de métiers dont l'existence est parvenue jusqu'à
nous. Que dire de ces religieux artisans qui se vouaient à la
construction des routes et des ponts, pourvoyaient à la sûreté
des voyageurs, les hébergeaient la nuit, les guidaient le jour
et les accompagnaient, de relais en relais, jusqu'à la fin de
leur course, en leur prêtant main-forte contre les attaques des
brigands. Ils ne se doutaient poiut, assurément, que les arrières
petits-fils de ceux qu'ils comblaient de bienfaits les appelleraient
un jour des moines inutiles.
Il est admis que les religieux ont sauvé les lettres, les scien-
ces et les arts pendant les invasions des barbares et avant la
propagation de l'imprimerie, mais bien des personnes ignorent
qu'ils ont fondé les premières écoles populaires ouvertes à tous
les enfants sans distinction de caste ni de fortune. La congré-
gation des Clercs rér;ulie1's date de l'époque carlovingienne et
elle se forma daus le but d'apprendre gratuitement au peuple
à lire, à écrire, à compter et à tenir les livres. On sait combien
de congrégations se sont formées depuis pou!' la poursui te du
même progrès iutellectuel : le nombre en est si cousidérable,
qu'en y mettant le zèle le plus soutenu le gouvernement de la
République n'a pas encore réussi à étouffer tous ces foyers
d'instruction.
Parlerons-nous des vertus hospitalières à l'égard des pauvres,