Page 15 - Decrets mars
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       Il y a une  parole qui  fera  tomber les décrets et qui ne passera
     pa::.  elle-même:  « Si  vous  voulez  être  parfait,  allez,  vendez
     tout ce que  vous  avez,  donnez-en  le  prix aux  pauvres et  venez
     avec  moi ...  » (Math.  x1x,  20.)  « Si  vous  vous  réunissez  pour
     demander  quelque  chose  à mou  Père,  quelque  soit  l'obJet de
     votre prière elle sera exaucée,  car partout où  plusieurs se  ras-
     semblel'ont en  mon  nom,  je serai au  milieu  d'eux ..... » (Ibid.,
     XVIII,  19 et 20.)
       Le  gouvernement de  la  troisième  République  n'est  point de
     cet avis.  « Si  vous  voulez,  dit-if,  être  considérés  comme  des
     malfaiteurs,  allez,  vendez  ce  que  vous  avez,  donnez-en le  prix
     aux  pauvres et  alors ...  vous  aurez  à  faire  à moi.  Partout  où
     vous  essayerez  de  vous  réunir an  nom  de Jésus-Christ,  pour
     prier, j'enverrai  aussitôt  mes  préfets,  sons-préfets et gendar-
     mes  pour vous  l'interdire et  vons  chasser par la  force.  »
       Plnsienrs  agents  de  l'autorité  ont  voulu  y mettre  quelques
     formes:  c'est le  képi  à la  main  et le  sourire  aux  lèvres  qu'ils
     ont  mis  à la  porte  les  disciples de Jésus-Christ; car il  est en-
     tendu, il est incontestable que la troisième République respecte
     la  religion.
       Nous  verrons  sans  doute  d'autres  hypocrisies  et  d'antres
     violences,  mais  tout ce  que  nous  verrons  encore,  comme  déjà
     ce  que  nous  avons  vu,  se1·vira à mettre  de  plus  en  plus  en
     lumière  l'éternelle  histoire de  cc  l'iniquité  qui  se  ment  à  elle-
     même  et se  couvre de  confusion.  >>
       Ce  n'est pas seulement à la religion,  ont-ils dit,  c'est surtottt
     à la société et à la patrie que les couvents sont de tonte inutilité.
       La  Bible  est un  vieux  livre,  il  est  vrni,  mais  elle a conservé
     chez  nous  une  sorte  d'autorité  estimée  par  plusieurs  quelque
     peu  supérieure à celle  des journaux de  la République.
       Il  est écrit dans  la  Bible que  celui qui prie le plus pour le
     peuple est le me1lleur  ami de  ses  frères.  N'y  aurait-il  que
     cet  avantage à posséder  des  couvents,  il  semble  que  le  moine
     y ferait  une  besogne  plus  profitable  à la  France  que  celle  de
     boire des  choppes au  triomphe des  idées modernes.
       Ce sentiment  n'est point de  nons  seuls,  il  a servi de  thèse à
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