Page 24 - Decrets mars
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                      Mais  comment  pouvons-nous  décrire  le  touchant  spectacle
                    autant  de  fois  renouvelé,  de  ces femmes  généreuses qui,  à la
                    même  heure,  malgré  la  faiblesse  de  leur sexe,  et  plusieurs
                    habituées à toutes  les  délicatesses de  la  vie,  arrivaient en  foule
                    devant les portes closes et restaient là au  grand  air,  souvent à
                    la  pluie,  agenouillées  sut·  la  pierre  froide  ou  dans  la  boue,
                    priant  pendant  quatre,  cinq  et  même  six  heures ! ...  Dames
                    vaillantes de la  noblesse et de la bourgeoisie,  filles magnanimes
                    du  peuple,  toutes,  les  larmes 3ux yeux,  les sanglots à la gorge,
                    se serrant  les  unes  contre  les  autres,  comme  si  leur  prière
                    commune,  devenant ainsi  plus intime et  plus angoissée,  devait
                    percer le  ciel et fléchir  plus  promptement  sa  colère.  Bien des
                    fois,  attirés  malgré  nous à la  fenêtre  du  petit  parloir par  la
                    navrante beauté de  ce  fidéle  tableau  des  premiers siècles  chré-
                    tiens,  des  larmes  de  fierté et d'attendrissement  ont  jaillit  en
                    secret de  nos  yeux ...  Que  les  bénédictions  de  Dieu  reposent
                    éternellement sur ce peuple  selon  sou  cœur ! ....   1
                      Envahis  par les hommes à l'intérieur  du  couvent,  dérangés
                    dans  leurs  habitudes  de  silence,  de  travail et d'oraison  par les
                    allées  et venues  de  leurs  visitems,  perpétuellement  sous  le
                    coup de  l'affreuse attente rendue pies vive par les alertes et les
                    émotions du  dehors,  les  bon  Pères  eureut à souffrir pendant un
                    grand  mois  une véritable  agonie.  C'était eux,  cependant,  qui

                      1   Dans  l'impossibilité  de  nommer  toutes  ces  personnes,  nous
                    nous  contenterons  de  mentionner  ici,  comme  nous  l'avons  fai
                    pour  les  hommes,  celles  qui  ont  montré  le plus de  zèle  et de foÎ
                    dans  ces  circonstances  douloureuses.  Ce  sont :  Mm•  la  comtesse
                    Fernex de St-Bon ; Mm•• Auger et Cl. Tavernier; l\1°"• les comtesses
                    Amédée et Alphonse  de  Foras et l\[ 11 e•  Huguette,  l\Iargue!'ite,  Alix
                    et Lisette de Foras;  l\lme  la comtesse Benoit de Boigne;  ,1,   Des-
                    saix-Favre,  Mudry  de  Pignier,  Anthoinoz,  Chenevier,  Delévaux,
                    Pagel,  Vautravers; Mme  et 1\1 11 •  Marie  Lombard,  et M 11 e Marie  Vau-
                    daux ;  Mme  et  l\1 11 e•  Joséphine,  Zoé,  Marie  et  Franceline  Martin;
                    l'tfme  et M 11 es  l\larie et  Louise  Saillard ; Mmes  Désusinges,  Lejeune el
                    Victorine Détraz ;  l\(me  et  Mlle  Dépierre ;  1\1 11  ..  Ramel,  de  Pignier,
                    Merlin,  Fréchet,  Zoé  Naz,  Annette  Colliard,  Marie  l\légemond,
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