Page 97 - Bouvet Jacques
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                 membre  tenait à  honneur  d'en  faire  partie;  on  y
                 voyait  pourtant  des  gens  de  toutes  classes.  Nos
                 vieillards  aiment encore à  raconter quel religieux
                 entrain,  quelle  émulation  pour le  bien fut le  fruit
                 de  ces  pieuses  institutions.  Elles  contribuèrent
                efficacement  à  la  régénération  morale  de  cette
                population, si  longtemps déshéritée de la religion.
                   A  côté de  ces  établissements exclusivement re-
                ligieux,  M.  Bouvet songea à faire revivre d'autres
                institutions, qui avaient un but social autant que
                religieux : il s'agissait des corporations des états et
                métiers.  Il  comprenait,  ce  bon  curé,  combien
                l'égoïsme  et  la  concurrence,  poussés  jusqu'à  cer-
                taines  extrémités,  deviennent de  redoutables  dis-
                solvants  sociaux,  des  sources  de  haine,  quelque-
                fois  héréditaires,  et  de  ruines  souvent  irrémé-
                diables.  Pour  prévenir  ces  tristes  résultats,  il  fa-
                vorisa  l'établissement  ou  la  résurrection  de  ces
                corporations;  il  les  anima  de  l'esprit  d'union  et
                de  charité ; mais,  pour en  assurer  les  fruits  et en
                conjurer les  écarts, il les  plaça sous la sauvegarde
                de  la  religion.  Chaque  corps  d'état  avait sa  fête
                patronale, qui se célébrait solennellement à l'église
                avec  sermon  et  bénédiction  du  Saint-Sacre-
                 ment.  Un  joyeux  repas maintenait entre  tous  les
                 membres  une  fraternelle  concorde  et  resserrait
                les  liens  de  la  charité  mutuelle.  Le  lende-
                main,  un  service  funèbre  était  célébré  pour  les
                membres défunts ; ainsi chacun avait sa part dans
                ces saintes agapes. C'est ainsi qu'Annecy vit avec
                bonheur reparaître les corporations des marchands,
                des  tailleurs,  des  charpentiers  et  menuisiers,  des ·
                 maçons,  des  forgerons,  des  laboureurs,  des  caba-
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