Page 94 - Bouvet Jacques
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« le 19 février 1804, jour de l'entrée solennelle
« et édifiante dans cette église. >>
Pour se faire une idée du bonheur du bon curé
en ce jour, si impatiemment attendu, il faut se
rappeler la joie de Jacob, lorsque, après tant de
travaux, il obtint enfin sa chère Rachel, ou celle
de Josué entrant dans la terre promise, après la-
quelle il avait soupiré si longtemps. Aussi, pour-
• « suit M. Bouvet, ce jour-là, le pain béni fut offert
« par le révérend curé. »
Ce fut comme le repas de ses noces avec son
église et comme les saintes agapes qu'il voulut
célébrer avec sa nouvelle famille. Ce fut là une
inspiration touchante et paternelle; aussi, dès
ce jour, les bénédictions du ciel et l'affection de
ses paroissiens lui furent plus visiblement ac-
quises.
Le jubilé qui venait d'avoir lieu avait produit
un mouvement déclaré de retour vers la pratique
de la religion; la grâce de Dieu d'un côté, l'expé-
rience qu'on venait de faire pendant dix ans
d'une société d'où l'on avait voulu bannir Dieu,
avaient opéré la plus salutaire réaction religieuse ;
d'ailleurs, le Premier Consul, malgré les points
noirs qu'on remarquait dans les articles organi-
ques, se montrait favorablement disposé pour
l'Eglise. Quels qu'aient pu être les motifs secrets
qui déterminèrent le Concordat et la cérémonie
du sacre impérial, on ne peut méconnaître l'effet
religieux produit sur les masses par de telles me-
sures. Il était évident aux yeux de tous que la
religion n'était plus persécutée ni même simple-
ment tolérée, mais que, au contraire, elle était