Page 89 - Bouvet Jacques
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nicains de la grande nef, réservée au peuple; la
grille en fer qui fermait le cloître avait disparu.
Quelque précieux que pût être, sous le rapport
artistique, ce jubé avec son ambon, ces monu-
ments n'étaient qu'un embarras dans une église
destinée à devenir paroissiale. Il fallut démolir
ce jubé, où régnaient encore les boiseries d'un bel
orgue, privé de ses flûtes d'étain. Le sous-pied
était en poussière ; les plus belles pierres sépul-
crales, qui autrefois pavaient toutes les chapelles
de cette église, comme de vastes dalles, étaient
allées couvrir des fontaines publiques ou fournir
des balcons à quelques citoyens ; celles qui por-
taient des armoiries avaient été mutilées ou im-
pitoyablement brisées ; les vitraux ne présen-
taient plus que des débris ; les sacristies étaient
encore occupées par la garnison, logée dans le
couvent des Dominicains ; le clocher, ramené à
des proportions plus conformes au niveau répu-
blicain, était veuf de ses cloches ; tous les orne-
ments et vases sacrés, dont les commissaires,
nommés par les Allobroges, avaient fait un inven-
taire si consciencieux, en 1792, étaient allés grossir
les trésors de la nation ; les fondations en faveur
du culte, les ressources pour l'entretien des églises
et du clergé avaient sombré dans la tourmente.
En attendant que l'église de Saint-Dominique
pût s'ouvrir au culte, l'autorité diocésaine avait
réglé que les Of fi ces des deux paroisses se feraient
en commun dans l'église de Saint-Pierre, et que
les prêtres qui les desservaient alterneraient pour
les instructions de la messe paroissiale. Il n'eût