Page 83 - Bouvet Jacques
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« famille raisonnables, qui n'avaient pas ce que
<< saint Paul appelle la conscience cautérisée. A
u l'exemple de saint Paul, il se fit tout à tous, pour
u les sauver tous. >>
Ce jugement sur les administrations d'Annecy
paraît un peu sévère. Peut-êtrè avaient-elles,
comme ailleurs, des velléités d'impiété; mais elles
n'en eurent pas l'audace. On ne pourrait, sans
injustice, leur imputer certaines scènes terribles
du Pâquier ou du palais de l'Ile. L'odieux en
remonte à des Conseils de guerre ou à des terro-
ristes étrangers à la ville. Des citoyens, et même
des administrateurs locaux, se portèrent, nous le
savons, à des actes de spoliation qui leur étaient
imposés, le plus souvent, par le pouvoir central.
Mais on leur doit la justice de reconnaître qu'ils
n'ont pas été sanguinaires et que leur attitude,
en ce qui concernait les précieuses reliques des
deux Saints d'Annecy, a été convenable, surtout
si l'on songe que, à cette époque, on traînait aux
gémonies ou qu'on livrait aux flammes les osse-
ments des rois et la dépouille des saints. La fièvre
révolutionnaire avait, sans doute, produit à An-
necy, comme ailleurs, un peu de délire ; mais on ne
tarda pas à voir l'exaltation patriotique baisser,
soit par lassitude politique, soit par un besoin
naturel d'ordre, soit par le désir de jouir en paix
des dépouilles dont on s'était enrichi.
Le peuple d'Annecy, pendant la Révolution, Il
était demeuré catholique. Panisset, évêque intrus
du Mont-Blanc, ne jouissait d'aucune considéra-
tion ni d'aucune influence. On sait même que les
femmes d'Annecy firent un jour une émeute contre