Page 124 - Bouvet Jacques
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à la domination, il en fit un fief de sa couronne et
_lin département français. Pépin avait donné,
Charlemagne avait confirmé au pape les Etats de
l'Egli~e et la royauté de Rome; Napoléon le dé-
posséda de ses Etats, donna le titre de roi de
Rome à son fils au berceau, pendant que le légi-
time souverain de Rome était conduit prisonnier
à Fontainebleau. L'Eglise gémissait; c'était le
règne de la force ; ce n'était pas la persécution
sanglante; c'était une main de fer au service d'une
volonté de fer. Cet état de violence dura plusieurs
années, en s'aggravant.
La Providence vint au secours de l'Eglise et
des peuples : la désastreuse campagne de Russie
avait anéanti l'armée et le prestige du conqué-
rant ; il se formait dans le nord une formidable
coalition pour achever de l'abattre; malgré des
prodiges de valeur et de génie, Napoléon devait
succomber.
M. Bouvet, en spectateur chrétien, considérait
la suite des évènements ; il avait acclamé le Con-
cordat comme une grande mesure réparatrice; il
reconnaissait que Bonaparte avait par là bien
mérité de l'Eglise et de la religion; mais il n'avait
pas tardé à apercevoir de regrettables déviations.
Sa prudence le tint toujours à l'abri de tout entraî-
nement irréfléchi ; il se confina dans les fonctions
de son ministère, prêcha la soumission aux auto-
rités constituées, refoula au fond de son âme ses
souvenirs ou ses apirations politiques; mais il
se montra toujours pasteur jaloux de la liberté et ~
des intérêts de l'Eglise. Il avait pris la part la plus