Page 125 - Bouvet Jacques
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filiale aux douleurs de son chef ; il attendait en
gémissant et en priaot l'heure de la délivrance.
Quand les alliés e'nvahirent la France, il redou-
bla de prudence et demeura étranger à toute ma-
nifestation de préférence politique. Ce n'est pas
que l'on doutât ae ses sentiments. Il avalt eu, en
1792, une solennelle occasion de se prononcer pour
l'annexion de son pays à la France; nous avons
vu qu'il vota contre cette annexion, et il n'avait
prêté aucun serment à la nation. Mais il avait
appris de l'expérience, autant que de saint Paul,
que le ministre de Dieu doit rester étranger aux
affaires de ce siècle.
D'ailleurs, dans le moment où la victoire tra-
his~ait l'Empire 1 il n'eût été ni généreux ni pa-
triotique d'être insensible à ses revers.
Aussi, dans le petit Recueil, sous forme d'an-
nales, dans lequel il consigne les évènements qui
se précipitaient en 1814 et en 1815, on ne trouve
aucune tracé de passion politique. Il cite des faits,
des noms propres ; mais il ne se livre à aucune
appréciation.
Du reste, nous allons en extraire quelques
fragments, qui présenteront un intérêt historique
pour notre patrie, en même temps qu'ils nous
feront juger de M. Bouvet comme annaliste.
<< Dans le courant de ce mois (décembre 1813),
<< les troupes des souverains d'Allemagne alliés,
« soit coalisés contre la France, ayant traversé la
<< Suisse, une colonne se dirigea sur Genève et
<< entra dans cette ville, le 30 dudit mois, sous la
<< conduite de Bubna, général autrichien. De là,