Page 120 - Bouvet Jacques
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agir par les inspirations froides de l'intérêt ou de
l'amour-propre ; il avait le zèle de la maison de
Dieu et du salut des âmes ; mais ce zèle, allumé
au foyer divin et semblable au feu du buisson ar-
dent, n'avait rien de dévorant. Sa bonté si expan-
sive, sa simplicité, sa loyauté, sa droiture, fai-
saient qu'on le plaignait dans ses déplaisirs ;
qu'on craignait de le désobliger ou qu'on lui
pardonnait ses triomphes ; on savait combien il
était modeste dans le succès et éloigné de tout
sentiment de rancune ou de vengeance, après les
échecs ou les mortifications qu'il avait à subir. Il
suffisait qu'on eût pu le désobliger ou le contre-
dire, pour qu'on pût se promettre de sa part les
meilleurs office3 et le plus cordial dévouement.
Son âme, inaccessible au fiel et au ressentiment, ne
s'ouvrait qu'au plaisir d'obliger. Si son apostolat,
pendant la Révolution, avait pu rappeler aux
Chablaisiens le zèle tendre et affectueux de saint
François de Sales, à leur tour, les habitants d'An-
necy purent se convaincre que cet aimable saint
avait un fidèle imitateur de sa charité et de sa dou-
ceur dans la personne du bon Oncle Jacques.
Ce fut vers cette époque qu'il s'appliqua à ren-
dre à la vénérable mémoire d'un grand serviteur
de Dieu un lustre que la Révolution et vingt
années d'oubli lui avaient en partie ravi. Pendant
son séjour au grand séminaire d'Annecy, il avait
entendu raconter des merveilles du vénérable
d'Orlié, qui jouissait d'une sorte de culte reli-
gieux; c'est pourquoi, devenu curé de Saint-
Maurice, il jugea convenable d'exhumer et de con-