Page 99 - Album_des_jeunes_1960
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La vie aventureuse
                                                                        d’un grand trappeur.






                                                                           Kit








                                                                  Carson










                                                                 par Donald Culross Peattie





           es Indiens Apaches s’étaient dissimulés parmi   rapidement que les soldats ne purent tirer un
        L    les rochers qui dominaient la piste de Santa   seul coup de feu.
           Fe et ils surveillaient la lente avance d’une file de   Dans l’un des chariots pillés, le major décou­
        lourds chariots escortés par des cavaliers. C’était   vrit un petit roman-feuilleton qui contait les
        la caravane d’un riche marchand en route vers      aventures d’un certain Kit Carson. II parcourut
        l’Ouest.                                           la brochure, puis la tendit à son compagnon en
          Soudain, à un signal donné, les Apaches s’élan­  disant :
        cèrent. Poussant leur cri de guerre, ils dévalèrent   — Tenez, lisez donc ce qu’on raconte sur vous.
        la pente au galop de leurs chevaux et tombèrent       Mais Kit Carson — car c’était lui — secoua
        au milieu du convoi. Le combat fut bref : bientôt   la tête.
        les Indiens avaient fait leurs premières victimes    — Non, vraiment ! On exagère ! murmura-t-il.
        sur cette partie de la piste.                        Kit Carson était devenu célèbre de son vivant.
          Seul un jeune garçon échappa au massacre et      Mille anecdotes couraient sur ses exploits, au
        parvint à gagner la petite ville de Taos, au Nou­  cours desquels il avait bien souvent frôlé la mort,
        veau-Mexique. Dès qu’il eut appris la nouvelle,    et le plus étonnant c’est que la plupart de ces
        le major Grier s’élança à la tête de sa cavalerie.  histoires étaient vraies. Il était exact que la balle
          Grier avait pris pour guide un homme de petite   d’un Apache lui avait traversé la chevelure et
        taille, aux doux yeux bleus, qui parlait rarement   qu’il avait eu la joue rôtie par le coup de feù
        et n’élevait jamais la voix. Mais ceux qui auraient   tiré à bout portant par un bandit. Un jour qu’il
        cru voir là des signes de timidité se seraient lour­  était tombé dans une embuscade tendue par une
        dement trompés.                                    cinquantaine d’indiens Comanches, il avait réussi
          Comme un chien lancé sur la piste d’un renard,   à s’enfuir sain et sauf à travers une grêle de
        ce petit homme sec et nerveux eut vite retrouvé    flèches et de balles. Attaqué un soir par des
        la trace des Apaches, et il put même montrer au    Pieds Noirs et blessé à l’épaule, il était parvenu
        major Grier le camp indien sans avoir donné        à s’échapper en sautant de branche en branche
        l’éveil aux sentinelles. C’était le bon moment pour   comme un écureuil. Cette nuit-là, il avait dormi
        attaquer. Mais le major tarda. Les Indiens repé­   sans feu dans la neige, et le froid glacial avait
        rèrent leurs poursuivants et ils se dispersèrent si   gelé sa blessure, lui sauvant ainsi la vie.
                                         Adapté du livre « Joumey Into America »                       97
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