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La vie aventureuse
d’un grand trappeur.
Kit
Carson
par Donald Culross Peattie
es Indiens Apaches s’étaient dissimulés parmi rapidement que les soldats ne purent tirer un
L les rochers qui dominaient la piste de Santa seul coup de feu.
Fe et ils surveillaient la lente avance d’une file de Dans l’un des chariots pillés, le major décou
lourds chariots escortés par des cavaliers. C’était vrit un petit roman-feuilleton qui contait les
la caravane d’un riche marchand en route vers aventures d’un certain Kit Carson. II parcourut
l’Ouest. la brochure, puis la tendit à son compagnon en
Soudain, à un signal donné, les Apaches s’élan disant :
cèrent. Poussant leur cri de guerre, ils dévalèrent — Tenez, lisez donc ce qu’on raconte sur vous.
la pente au galop de leurs chevaux et tombèrent Mais Kit Carson — car c’était lui — secoua
au milieu du convoi. Le combat fut bref : bientôt la tête.
les Indiens avaient fait leurs premières victimes — Non, vraiment ! On exagère ! murmura-t-il.
sur cette partie de la piste. Kit Carson était devenu célèbre de son vivant.
Seul un jeune garçon échappa au massacre et Mille anecdotes couraient sur ses exploits, au
parvint à gagner la petite ville de Taos, au Nou cours desquels il avait bien souvent frôlé la mort,
veau-Mexique. Dès qu’il eut appris la nouvelle, et le plus étonnant c’est que la plupart de ces
le major Grier s’élança à la tête de sa cavalerie. histoires étaient vraies. Il était exact que la balle
Grier avait pris pour guide un homme de petite d’un Apache lui avait traversé la chevelure et
taille, aux doux yeux bleus, qui parlait rarement qu’il avait eu la joue rôtie par le coup de feù
et n’élevait jamais la voix. Mais ceux qui auraient tiré à bout portant par un bandit. Un jour qu’il
cru voir là des signes de timidité se seraient lour était tombé dans une embuscade tendue par une
dement trompés. cinquantaine d’indiens Comanches, il avait réussi
Comme un chien lancé sur la piste d’un renard, à s’enfuir sain et sauf à travers une grêle de
ce petit homme sec et nerveux eut vite retrouvé flèches et de balles. Attaqué un soir par des
la trace des Apaches, et il put même montrer au Pieds Noirs et blessé à l’épaule, il était parvenu
major Grier le camp indien sans avoir donné à s’échapper en sautant de branche en branche
l’éveil aux sentinelles. C’était le bon moment pour comme un écureuil. Cette nuit-là, il avait dormi
attaquer. Mais le major tarda. Les Indiens repé sans feu dans la neige, et le froid glacial avait
rèrent leurs poursuivants et ils se dispersèrent si gelé sa blessure, lui sauvant ainsi la vie.
Adapté du livre « Joumey Into America » 97