Page 96 - Album_des_jeunes_1960

VERSAILLES, gloire de la France

par Donald et Louise Peattie

une vingtaine de kilomètres au sud-ouest du bruit des marteaux et des scies pendant pres­
A de Paris, dans un immense parc de rêve, se que tout son règne. On y employa jusqu’à
dresse le plus noble palais du monde. Enrichi par 36 000 ouvriers à la fois, et les millions
trois siècles d’art, il reçoit chaque année deux furent dépensés sans compter. Terrains en friche
millions de visiteurs venus du monde entier. et marais se métamorphosèrent en un monde
Versailles fut créé par les Bourbons pour mon­ enchanté, où des centaines de statues et de fon­
trer à toute l’Europe la puissance de la France. taines décoraient des kilomètres d’allées et de bos­
Et pourtant on ne pouvait choisir un site moins quets, autour d’un palais où habitèrent à certains
approprié. L’endroit était marécageux, sablon­ moments plus de 10 000 personnes.
neux et dépourvu d’eaux courantes. Mais le petit A Versailles, Louis XIV était en quelque sorte
château que Louis XIII y avait fait construire l’acteur principal d’un spectacle grandiose, qui se
à l’origine n’était destiné qu’à servir de refuge donnait en permanence. Le lever et le coucher du
au roi, quand il avait envie de fuir Paris et la Roi-Soleil passaient pour des spectacles d’un tel
Cour. Ce ne fut qu’après 1643, quand Louis XIV éclat qu’y assister devint le plus grand des privi­
monta sur le trône, que la Cour commença à venir lèges. Ces cérémonies en arrivèrent à s’entourer
à Versailles. de règles si rigides que tout l’avenir d’un courtisan
pouvait dépendre du moindre geste fait par
Le jeune roi Louis XIV, beau, majestueux et
Sa Majesté en un pareil moment. Cette étiquette
courtois, même envers les plus humbles, prenait allait beaucoup plus loin que la simple question
très au sérieux son métier de roi et se croyait tenu des préséances à l’entrée, de la façon de s’asseoir
de vivre avec splendeur. Versailles retentit donc ou de frapper à la porte. (On ne frappait du reste
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