Page 73 - Album_des_jeunes_1960
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Pour devenir cow-boy, j’ai dû
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                                                                                    sauvage




                                                        par Ulmont Healy

                   'était ma première journée de travail     je puisse faire un bon cow-boy. Maintenant, il
            I ■ I S dans ce ranch californien de la vallée   souriait d’un air encourageant.
                        San Fernando où je devais faire        — Oui, un peu, répondis-je.
          l’apprentissage du métier de cow-boy. J’avais tout    Chez nous, à la ferme, mon père m’avait appris
          juste vingt ans. Dans mon équipement flambant      tout ce qu’il savait sur l’art de dresser les chevaux.
          neuf — blue-jeans, bottes, foulard et chapeau de   Je croyais donc m’y connaître un peu, mais je
          feutre à large bord — je n’étais pas très à l’aise,   n’osais trop me vanter car j’avSis maintenant
          et j’avais l’impression que tout le monde me regar­  affaire à de vrais cavaliers professionnels. L’un
          dait. Perché sur la barrière du corral, j’observais   d’eux m’avait d’ailleurs dit, la veille au soir :
          les autres cow-boys qui attrapaient les chevaux au   — Méfie-toi, gamin ! Les gars aiment à jouer
          lasso et les sortaient de l’enclos pour les seller.  des tours aux débutants. Ils chercheront à te col­
            Un splendide mustang blanc avait attiré mon      ler un cheval qui t’enverra par terre du premier
          attention. C’était exactement le cheval de mes     coup !
          rêves : une bête à la fois robuste et rapide. Je     Georges reprit sur un ton innocent :
          me demandais à qui il pouvait bien appartenir,       — Y en a-t-il un qui te plaise dans le tas,
          lorsqu’une voix retentit à mes oreilles :          petit ?
            — Tu sais monter à cheval, petit ?                 — Celui-là m’a l’air fameux, dis-je en mon­
            J’aperçus auprès de moi Georges, le chef         trant le mustang blanc.
          d’équipe, un géant dégingandé que son chapeau        — Bon, essayons-le î
          à haute calotte faisait paraître plus grand encore.   Georges lança son lasso. Prompt comme
          La veille, quand il m’avait engagé, il m’avait exa­  l’éclair, le cheval fit une brusque volte pour
          miné d’un œil sceptique, comme s’il doutait que    l’éviter, mais trop tard. La boucle du lasso se
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