Page 40 - Album_des_jeunes_1960
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38 UN ENLÈVEMENT A LONDRES
Le jeune étudiant donna son nom d’emprunt. — Sans jugement, je suppose ? dit le prison
— Pourquoi mentir ? répliqua l’Anglais en nier.
souriant. Votre nom est Sun Wen. Vous avez signé — Pas du tout ! protesta Tang. Nous ferons
un manifeste, réclamant la liberté pour le peuple les choses dans les règles. Vous passerez en juge
chinois, et vous avez eu l’audace de l’envoyer à ment avant d’être décapité.
l’Empereur, que vous avez ainsi gravement Au cours des jours suivants, le prisonnier rédi
outragé. Nous vous garderons prisonnier ici, en gea plusieurs messages qu’il lança par la fenêtre,
attendant la décision de l’Empereur à votre sujet. en espérant qu’un passant les porterait à leur des
Quand l’homme de loi eut quitté la pièce, des tinataire. Mais l’un de ces messages tomba aux
ouvriers vinrent fixer un second verrou à la porte, mains des gardiens de la légation, et l’on cloua
puis l’on plaça devant celle-ci des gardiens qui se des planches sur la fenêtre pour empêcher toute
relayèrent jour et nuit. communication avec l’extérieur.
Le lendemain, l’étudiant reçut la visite de l’in Il ne restait qu’une chance au jeune homme :
connu qui l’avait abordé dans la rue. Il se présenta c’était de gagner à sa cause les domestiques anglais
sous le nom de Tang, fonctionnaire de la légation. qui faisaient sa chambre et lui apportaient à man
— Tout est prêt pour votre retour en Chine, ger. Ils ne lui adressaient jamais la parole, mais
lui annonça Tang. Nous vous embarquerons à l’un d’eux, un certain Edward Cole, avait l’air
bord d’un cargo de la compagnie Glen Line. Il assez sympathique. Un beau matin, le prisonnier
appareillera mardi en huit pour Canton, où vous se risqua à lui parler.
serez exécuté. — J’ai dû fuir mon pays, lui dit-il, car j’appar
tiens à un parti qui veut libérer la Chine de la
tyrannie. Ma vie est entre vos mains. Si mes amis
L'ÉCRITURE CHINOISE anglais pouvaient être avertis à temps, je serais
Au lieu d’écrire avec des lettres, les anciens sauvé. Sinon, je vais être expédié à Canton où l’on
Chinois dessinaient l'image de ce qu’ils vou va m’exécuter.
laient décrire. Ainsi le soleil était représenté Sans paraître avoir entendu, Edward Cole ter
par O et la lune par j). Ces dessins, appelés mina son travail et quitta la pièce. Mais le soir,
caractères, étaient peints au pinceau. Les
caractères chinois d’aujourd’hui ne sont pas il apporta un seau de charbon qu’il montra du
aussi faciles à reconnaître que ceux d’autrefois, doigt avant de sortir. L’étudiant y découvrit un
bien qu’ils représentent toujours des mots billet avec ces mots :
entiers. Parfois, deux de ces « mots » « J’accepte de porter une lettre à vos amis. »
s’associent pour en former un troisième. Aussitôt, le prisonnier écrivit quelques lignes
au Dr Candie pour lui demander de l’aide.
le soleil et la lune Cole dut attendre son jour de sortie, le samedi
réunis
— l’éclat. suivant, pour transmettre le message. Celui-ci pro
duisit l’effet d’un coup de tonnerre. Le Dr Cantlie
le soleil juste au- comprit qu’il fallait agir au plus tôt. Il courut à
dessus de l’horizon Scotland Yard. Mais en entendant cette fantas
— LE CRÉPUSCULE.
tique histoire, les policiers prirent le docteur pour
un fou et l’éconduisirent poliment.
Le lendemain matin, le Dr Cantlie s’adressa
une bouche d’où directement au ministère des Affaires étrangères.
s’exhale un souffle Mais le fonctionnaire de service lui répondit
= DES PAROLES.
qu’on ne pouvait rien entreprendre un dimanche.
Le médecin tenta alors d’engager des détectives
deux arbres côte à privés. Hélas ! leurs bureaux étaient fermés ! Il
côte retourna à Scotland Yard, puis fit appel à la
= UNE FORÊT.
police municipale, toujours sans succès.
Le Dr Cantlie s’obstina. Le lundi, il chargea des
deux mains qui se détectives privés de surveiller la légation et les
touchent
= l’amitié. navires en partance pour la Chine. Après quoi, il
revint au ministère des Affaires étrangères, qui