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LE SOUS-MARIN NE VOULAIT PAS MOURIR 35
claqua la porte et la verrouilla. Enfin ! C’était fait ! coulé ! Il donna l’ordre au bâtiment de sauvetage
Pendant tous ces événements, un autre homme Falcon, qui avait une cloche de sauvetage amarrée
qui se trouvait dans le compartiment des accumu sur 'so'n pont, de faire route à toute vitesse sur le
lateurs avant — à l’opposé de Maness par rapport lieu du désastre.
au poste central — s’était précipité pour arracher Soudain, l’équipage du Squalus entendit un
les câbles de l’alimentation électrique. Il parvint bruit d’hélice qui se rapprochait et quelques
juste à temps à empêcher un court-circuit qui minutes plus tard ce fut la voix du capitaine de
aurait entraîné incendie et explosion. frégate Wilkin, commandant du Sculpin, qui leur
Grâce au sang-froid de cet homme, tout danger parvint par le téléphone de la bouée. Naquin lui
d’explosion fut écarté, mais le Squalus se trouva lança le message qu’il avait préparé : « Envoyez
plongé dans une obscurité totale lorsqu’il toucha un scaphandrier pour fermer de l’extérieur les
le fond avec un bruit sourd. Il prit une pointe de collecteurs d’air. Branchez des tuyautages sur les
10° tandis que son arrière s’enfonçait dans la compartiments inondés et faites une chasse d’air
vase. Le commandant Naquin s’adressa alors à pour les vider. »
l’équipage : Si cette opération pouvait être effectuée, le
— Nous sommes par 75 mètres de fond. Les Squalus serait suffisamment allégé pour remonter
compartiments de l’arrière sont envahis mais pas en surface par ses propres moyens. Mais, juste à
ceux de l’avant. Il ne nous reste qu’à attendre ce moment, la houle le déporta de quelques
l’arrivée des secours. Ce n’est qu’une question de mètres et le câble de la bouée téléphonique se
temps. rompit. Cependant le Sculpin possédait des appa
Le Squalus était équipé des meilleurs dispo reils de détection acoustique et les hommes du
sitifs de sécurité et de sauvetage existant au Squalus se mirent à marteler énergiquement la
monde. Il y avait à bord un stock de bouées coque, sachant que l’autre sous-marin pourrait
fumigènes pouvant remonter en surface pour
exploser ensuite en émettant un nuage coloré
servant de signal de détresse ; il y avait sur le
pont une bouée téléphonique étanche qui pouvait
être larguée de l’intérieur. Il y avait des dispositifs
spéciaux pour la fixation d’une cloche de sauve
tage qui, amenée de l’extérieur, pouvait permettre
l’évacuation de l’équipage. Enfin, il y avait assez
d’oxygène à bord pour tenir environ soixante-
douze heures.
A 9 h 5, soit seulement vingt-cinq minutes
après la catastrophe, la bouée téléphonique et
plusieurs bouées fumigènes avaient été larguées,
mais aucun navire susceptible de les remarquer
ne se trouvait dans le voisinage.
Un sous-marin par le fond !
endant ce temps, le contre-amiral Cole,
P commandant la base navale de Portsmouth,
commençait à s’inquiéter de n’avoir pas reçu le
message du Squalus lui annonçant qu’il avait fait
surface après sa plongée. Il envoya un message
radio au sous-marin Sculpin, lui enjoignant de
se diriger vers son « bâtiment frère », et enfin —
à 12 h 40 — le Sculpin repéra la sixième bouée
fumigène que venait de larguer le Squalus. Quel
ques secondes plus tard, l’amiral Cole apprenait
par radio la nouvelle qu’un sous-marin avait Intérieur de la cloche