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64 AVRIL
à stimuler la ponte. Intervenir plus tôt serait, ainsi
que cela a déjà été expliqué, plus nuisible qu’utile,
vu la rigueur de la saison. A Nyon, je commence dans
les premiers jours d’avril si le temps le permet ; je m’y
prenais un peu plus tôt autrefois, mais j’ai trouvé pré
férable de ne pas me presser autant : la première ins
pection est très suffisante pour donner une légère
impulsion à l’élevage sans provoquer des sorties intem
pestives et meurtrières. La ponte, qui n’est au début
que de quelques œufs, augmente graduellement avec
le nombre des couveuses et finit par s’élever au bout
de quelques semaines à 2000, 2500 et 3000 œufs en
24 heures, 4000 même si la reine est exceptionnelle
ment bonne. Mais ce chiffre ne peut être atteint que
s’il y a dans la ruche assez de nourrices pour prendre
soin de tout ce petit monde, et malheureusement c’est
souvent la mortalité des ouvrières qui arrête le déve
loppement du couvain. Dans certaines saisons et dans
les localités exposées aux vents froids du printemps,
il se perd quelquefois beaucoup d’abeilles au dehors,
et si l’apiculteur peut éviter les fausses manœuvres
qui provoquent des sorties intempestives et empêcher
celles-ci dans une certaine mesure en fournissant aux
abeilles la farine, le sel et l’eau à portée, il ne peut
pas toujours prévenir les pertes au dehors.
Ce qui oblige l’apiculteur à stimuler ses abeilles
d’aussi bonne heure dans la saison, alors que les
intempéries leur font encore courir des dangers, c’est
qu’il doit avoir ses contingents de butineuses prêts
pour la récolte. Or, une ouvrière, comme nous l’avons
dit, ne devient butineuse que 35 jours environ après
que l’œuf dont elle est issue a été pondu1, et une
1. On voit des abeilles devenir butineuses avant 37 jours, mais
cela ne se présente généralement que dans les ruchées où les abeilles
plus âgées font défaut.