Page 79 - la_conduite_du_rucher
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AVRIL g;
traversant des couches d’un air plus froid que celui
qui environne la ruche. Le nourrissement stimulant
doit donc être appliqué avec circonspection et juge
ment. Ainsi, une population faible doit être traitée par
la chaleur et la nourriture solide avant d’être stimulée
par la nourriture liquide, car l’espace qu’elle pourra
réchauffer à la température de 36 degrés sera néces
sairement limité par la petitesse du groupe qu’elle
forme. Ce n’est que lorsque les naissances successives
de jeunes abeilles lui auront permis d’étendre son
groupe et de réchauffer un plus grand nombre de
cellules qu’on pourra la stimuler plus activement.
Je n’engage personne à appliquer le nourrissement
stimulant à des abeilles logées en ruches construites
trop légèrement et par conséquent trop accessibles aux
variations de la température extérieure. A l’époque où
le nourrissement se fait, les retours de froid sont iné
vitables et il ne faut pas qu’une pauvre colonie qu’on
a, pour ainsi dire, forcée d’élever beaucoup plus de
couvain qu’elle ne l’aurait fait spontanément, se voie
obligée, en resserrant son groupe, d’abandonner une
partie de sa progéniture et d’arrêter la ponte de sa
reine, conséquences sur lesquelles il est inutile d’in
sister.
Il y a d’ailleurs des printemps au cours desquels il
n’est pas possible de nourrir lorsque la température se
maintient trop basse. Ce fait s’est produit à plusieurs
reprises dans la période froide de 1910 à 1915. Il ne
faut donc pas marchander les provisions à l’automne,
sous le prétexte qu’on interviendra au printemps,
parce qu’on n’est pas maître du temps.
On a observé qu’une colonie normale, bien conduite,
peut atteindre son développement en six à sept semai
nes. C’est donc 45 à 50 jours avant l’époque habituelle
de la principale miellée dans le pays qu’on commence