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AVRIL                   g;
         traversant des couches d’un air plus froid que celui
         qui environne la ruche. Le nourrissement stimulant
         doit donc être appliqué avec circonspection et juge­
         ment. Ainsi, une population faible doit être traitée par
         la chaleur et la nourriture solide avant d’être stimulée
         par la nourriture liquide, car l’espace qu’elle pourra
         réchauffer à la température de 36 degrés sera néces­
         sairement limité par la petitesse du groupe qu’elle
         forme. Ce n’est que lorsque les naissances successives
         de jeunes abeilles lui auront permis d’étendre son
         groupe et de réchauffer un plus grand nombre de
         cellules qu’on pourra la stimuler plus activement.
           Je n’engage personne à appliquer le nourrissement
         stimulant à des abeilles logées en ruches construites
         trop légèrement et par conséquent trop accessibles aux
         variations de la température extérieure. A l’époque où
         le nourrissement se fait, les retours de froid sont iné­
         vitables et il ne faut pas qu’une pauvre colonie qu’on
         a, pour ainsi dire, forcée d’élever beaucoup plus de
         couvain qu’elle ne l’aurait fait spontanément, se voie
         obligée, en resserrant son groupe, d’abandonner une
         partie de sa progéniture et d’arrêter la ponte de sa
         reine, conséquences sur lesquelles il est inutile d’in­
         sister.
            Il y a d’ailleurs des printemps au cours desquels il
         n’est pas possible de nourrir lorsque la température se
         maintient trop basse. Ce fait s’est produit à plusieurs
         reprises dans la période froide de 1910 à 1915. Il ne
         faut donc pas marchander les provisions à l’automne,
         sous le prétexte qu’on interviendra au printemps,
         parce qu’on n’est pas maître du temps.
           On a observé qu’une colonie normale, bien conduite,
         peut atteindre son développement en six à sept semai­
         nes. C’est donc 45 à 50 jours avant l’époque habituelle
         de la principale miellée dans le pays qu’on commence
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