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JUIN 133
Le miel fraîchement récolté par les abeilles contient
encore une telle proportion d’eau qu’il fermenterait
hors de la ruche, à moins d’être mûri artificiellement ;
aussi faut-il se garder d’extraire celui des rayons dont
les cellules ne sont pas en majorité cachetées.
Dans les régions où la grande floraison se prolonge’
davantage que dans la nôtre, il est possible de retirer
des rayons operculés sans attendre la fin de la récolte ;
le prélèvement du miel s’y fait donc en plusieurs
fois. Chez nous, même dans les bonnes années, lors
qu’une colonie a rempli deux boîtes, on peut quelque
fois extraire la première donnée, qui se trouve en
dessus, sans attendre la fin de la miellée.
La sortie des rayons doit se faire méthodiquement
et très prudemment, le pillage étant à craindre. En
effet, comme on opère généralement à un moment où
les prés sent fauchés et où les fleurs de seconde récolte
ne donnent pas encore, les abeilles, privées de pâture,
sont de mauvaise humeur et très portées au pillage.
Pour cette opération, un voile est indispensable ;
les caisses à transporter les rayons (nous employons
nos caisses à essaims, contenant cinq ou six cadres
maintenus en place par des équerres et agrafes comme
dans les ruches) doivent être munies de bons cou
vercles fermant facilement (fig. 32).
Armé de son enfumoir et de sa brosse, l’opérateur
sort un seul rayon à la fois, recouvre immédiatement
les autres de la toile (natte ou planchettes) et brosse
ou secoue les abeilles en dehors sur la planchette
d’entrée ; puis il place le rayon dans la boîte, qu’il
referme lestement et sort un deuxième rayon de la
même façon. Les rayons sont déposés dans une pièce
close, c’est-à-dire absolument hors de l’atteinte des
abeilles. Il faut se garder de laisser, même un instant,
un rayon ou seulement quelques gouttes de miel à