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       petit peuple se met alors courageusement à construire,
       il se produit une activité étonnante et, grâce à cette
       vie pleine d’entrain, la fécondation de la reine ne se
       fait pas attendre. Si le temps est favorable, on trouve,
       dès le sixième ou le huitième jour, une belle ponte.
         Cette méthode convient surtout à celui qui veut faire
       l’élevage en grand ou à celui qui a l’intention d’agran­
       dir beaucoup son exploitation. A celui qui ne veut éle­
       ver que quelques bonnes reines pour les besoins de
       son rucher, je conseille d’acheter quelques ruchettes et
       de greffer la cellule royale mûre immédiatement sur le
       cadre de chaque ruchette. C’est plus simple, on n’a pas
       besoin de déplacer la reine pour la fécondation ; en
       naissant, elle sé trouve aussitôt au milieu d’une popu­
       lation qui la chérit, la nourrit et la traite avec tous
       les égards qui lui sont dus.
         Les ruchettes peuplées et fermées doivent être gar­
       dées provisoirement dans l’obscurité, en un endroit pas
       trop frais ; ce n’est que le soir du second jour qu’on
       les sort et qu’on ouvre le trou du vol.
         Si une reine est fécondée, on ne doit pas la laisser
       plus de huit jours dans la ruchette ; la place lui man­
       querait pour déposer ses œufs, et c’est pour cette rai­
       son que souvent ces petits essaims prennent la clé des
       champs. Il faut donc lui procurer un champ d’activité
       plus grand, soit qu’on l’utilise pour remplacer une
       reine défectueuse, soit qu’on l’introduise dans une nou­
       velle colonie. Mais cette opération présente quelque
       difficulté ; il ne suffit pas que la jeune mère soit accep­
       tée, tolérée. Trop souvent, même après un stage de
       plusieurs jours, pendant lequel elle avait déjà fait une
       belle ponte, elle est massacrée et jetée hors de la ruche.
       Nous devons donc demander plus qu’une agrégation
       involontaire, forcée ; il faut que dès l’abord la petite
       majesté soit la bienvenue, aimée et choyée par tous
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