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sont plus qu’à 5 kms du P.C. de la Division.
                                                                                          La bataille fait rage au nord de Montélimar.
                                                                                          Aux abords de Dieulefit, de Nyons, où deux
                                                                                          bataillons F.'f.P. contiennent les Allemands
                                                                                          pendant 36 heures jusqu’à l’arrivée des chars
                                                                                          américains.
                                                                                            Cependant ce sont là, de la part de l’enne­
                                                                                          mi, des opérations de dégagement destinées à
                                                                                          leur faciliter le passage de la Vallée du
                                                                                          Rhône. Ils forcent le passage à la Coucourde,
                                                                                          mais doivent ensuite franchir la Drôme. Le
                                                                                          pont détruit les oblige à traverser la rivière,
                                                                                          et de nombreux véhicules doivent y être aban­
                                                                                          donnés. Du 20 au 29 août entre Montélimar
                                                                                          et Valence, seulement, 1.500 véhicules sont
                                                                                          détruits, près de 200 sont capturés intacts,
                                                                                          3.000 prisonniers sont ramassés, 1 millier
                                                                                          de cadavres restent sur le terrain.
                                                                                           Ceux qui ont franchi ce coupe-gorge, ne
                                                                                          sont pas encore sauvés pour autant. A Fian-
                                                                                          cey, au pont d’Ozon, à la Paillasse, au nord
                                                                                          de l’Isère, et à Serves, et ailleurs, des gam-
                                                                                          mons et des armes automatiques les atten­
                                                                                          dent. Chaque fois ils sont contraints de met­
                                                                                          tre pied à terre, de dégager la route, d’ins­
                                                                                          taller des francs-gardes fixes appuyés par des
                                                                                          chars.
                                                                                           Le 22, le bataillon THIVOLET, dans un
                                                                                          élan irrésistible, s’empare de Romans, après
                                                                                          une lutte sévère. Ces Allemands perdront plus
                                                                                          de 250 hommes, 100 prisonniers sont faits
                                                                                          avec 1 commandant et 3 officiers. Cette me­
                                                                                         nace est trop lourde sur le flanc de l’ennemi
                                                                                         qui enverra des blindés de la Panzer, le 26,
                                                                                         pour reprendre la ville.
                                                                                           Entre Isère et Drôme, les compagnies du
                                                                                         bataillon Benezech, dont les Corps-Francs
                                                                                         sont déjà sur la N° 7; quittent le plateau et
                                                                                         commencent l’encerclement de Valence. La 5e
                                                                                         compagnie attaque, en gare d’Alixan, un con­
                                                                                         voi que les Allemands survivants sont obligés
                                                                                         de détruire.
                                                                                           Le 26 août, avec l’appui de blindés améri­
                                                                                         cains, l’attaque de Valence est tentée à la
                                                                                         nuit, mais la ville qui, 5 jours plus tôt, aurait
  ACTION DES MAQUIS DE LA DROME (Suite et fin)                                           pu être prise par surprise, est fortement tenue
                                                                                         par ces postes fixes munis d’artillerie lourde.
                                                                                         Il faudra encore attendre.
                 Le 14 août, les six bataillons du Sud-Drôme   Le 19 août, les premiers blindés américains   Cependant la bataille de Montélimar touche
               sont mis en place, trois sur la vallée du   sont signalés vers Remuzat et le 20 août, trois   à sa fin. La 3® Division Américaine remon'e
               Rhône au plus près de la n’ 7, un aux cols   colonels de l’avant-garde arrivent au P.C. à   d’Orange. Les Allemands sont pris entre deux
               de Grimone et Cabre, un dans la région de   Vachères venant de Gap par la route de Die.   feux. Des éléments parviennent, au prix de
               Montclus, un sur la n° 94, avec ses avants-   Ils font partie d’une brigade de cavalerie   lourdes pertes, à s’enfuir sur Valence dans
               postes, face au Sud, et dans la nuit du 14   motorisée, qui va prendre position dans la   le plus grand désordre. Les autres sont en­
               au 15 août, avec une stupeur joyeuse, ce sont   forêt de Marsanne, et pilonner la N” 7 pour   cerclés, anéantis ou faits prisonniers.
               les quatre messages d’alerte que nous écou­  entraver le repli de la 19e armée allemande.
               tons. Sur les quatre missions qu’ils nous don­  Deux bataillons ont donc terminé leurs mis­  C’est la phase de nettoyage qui commence,
               nent, interdiction des voies ferrées, des lignes   sions et sont disponibles- Celui qui tenait la   et déjà les divisions américaines s’apprêtent
               téléphoniques et télégraphiques, des routes,   région de Montclus est transféré dans la ré­  à reprendre leur course vers le nord, cher­
               guérillas à outrance, trois sont déjà remplies.   gion de Nyons. Le troisième bataillon ins­  chant à devancer l’ennemi en empruntant les
               Reste la dernière. Nous sommes prêts et   tallé au col de Cabre et au col de Grimone   axes secondaires libérés par le maquis. Le
               la Drôme pour les exécuter au mieux, peut   demande à pousser de l’avant avec les pre­  30 les avants-gardes prennent la route de Crest
               aligner plus de 7.000 hommes en armes.  mières unités américaines. Devançant parfois   à Romans, évacuée par les Allemands. Les
                                                    les blindés, les gazos du maquis amènent nos   compagnies du Centre-Drôme et deux com­
                Jour et nuit la Nationale 7 est attaquée
               depuis Donzère jusqu’à St-Rambert. En une   hommes au Monestier qu’ils libèrent. Ils at­  pagnies du Sud-Drôme, constituent les Francs-
               seule embuscade une compagnie du maquis   taquent ensuite Pont-de-Claix, et pénétreront   Gardes de protection de cette avance. Elles
               comprenant la section de choc, détruit quatre   dans Grenoble, le 21 août à '7 heures du ma­  s’échelonnent d’Allex à St-Marcel, ceinturant
               camions, tue trente allemands sans leur lais­  tin.                       Valence. Dans la nuit, l’attaque est décidée
               se!1 tirer un seul coup de feu.       Le lendemain les premiers éléments de la   et ordonnée. A quatre heures du matin les
                                                    36e D.I. U.S.A. viennent renforcer la brigade   F.F.I. occupent la banlieue de Valence. Res­
                Dès le 15, à la sortie de Montélimar, des   blindée. A partir de ce jour, dans une colla­
               écriteaux sont placardés dont voici la tra­  boration étroite, les F.F.I. sud-Drôme lut­  tent à réduire les derniers îlots ennemis. La
               duction : « Attention ! terroristes, ne circulez   teront aux côtés des troupes américaines,   résistance est faible. Pourtant quelques ma­
               qu’en convois ».                     fournissant l’appui direct de l’artillerie, tra­  quisards trouvent encore une mort glorieuse
                Le 17 août, un de nos groupes a pour mis­  vaillant avec les blindés, établissent des   en arrachant à l’ennemi cette ville que depuis
               sion capitale de faire sauter le pont routier   barrages, car les Allemands, surpris par cette   des mois ils regardent du haut des contre-'
               de Livron sur la Drôme, détruit en juillet par   canonnade sur leurs arrières, vont essayer   forts du Vercors, et où ils ont rêvé d’entrer
              bombardement, mais réparé depuis. L’opéra­  de faire sauter ce bouchon ou de le con­  en vainqueurs. Ils y pénètrent les premiers
              tion est menée à bien et le pont présente une   tourner. Ils disposent des « Tigres » et des   e« capturent plus de 800 prisonniers.
               coupure de 27 mètres, destruction qui sera   « Mark V » du 11e Panzer. Ils s’engagent   Ils n’ont voulu laisser à personne l’honneur
               décisive dans la batail'e qui bientôt va se   sur la route de Montélimar à Crest, parvien­  d’achever ainsi la libération du département
               livrer.                              nent jusqu’à Cléon qu’ils incendient. Ils ne   de la Drôme.
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