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les bois, de nuit, par temps de brouillard, dans la fumée
                 naturelle ou artificielle, c’est-à-dire dans les « cas particu­
                 liers du combat » de l’ancien règlement de manœuvre, de-
                 venus cas normaux. En outre des missions particulières telles
                 que le déminage, le nettoyage du terrain conquis par lés
                 chars, le combat sur les arrières ennemis, et la lutte contre
                 les francs-tireurs sont intégralement du ressort de l’infanterie
                 non blindée.
                    Il en découle toute une technique de combat essentiellement
                 nouvelle, à laquelle une grande partie de l’emploi du temps
                 de l'Ecole e§t consacrée. Au point de vue du tir, le tir ins­
                 tinctif sans épauler ni viser, au jugé, mais avec une précision
                 et une efficacité au moins égale à celle du tir en visant. Au
                 lieu de prendre la ligne de mire et de viser en fermant un
                 œil, après avoir épaulé, on garde l’arme à la ceinture et on
                 pointe avec tous les membres et le tronc, les deux yeux ou­
                 verts, On tire ainsi plus vite que l’adversaire, dpnc avant
                 lui si l'on se découvre en même temps.
                    Au point de vue entraînement physique, c’est le « close
                 combat » des écoles anglaises, ou technique du combat indi­
                 viduel rapproché, combat féroce, véritable jiu-jitsu en armes,
                 qui permet de réaiisèr économiquement des actions surpre­
                 nantes et de se tirer de situations périlleuses,
                    Enfin au point de vue tactique, c’est essentiellement le
                 combat des petites unités (demi-groupe, groupe, section) sous
                 forme de postes, patrouilles, embuscades et coups de main,
                 actions exigeant des chefs de valeur à la tête des plus petits
                 éléments. Le facteur essentiel de succès sera toujours recher­
                 ché dans la surprise.
                    En montagne par contre, l’infanterie non blindée reste
                 « la reine des batailles ». Et toutes les phases classiques du
                 combat sont toujours de son ressort. Le combat reste un com­
                 bat de petites unités mais c’est un combat éloigné, par op­
                 position au combat en zone non montagneuse. L’instruction
                 du tir conserve sa forme primitive, le tir au fusil restant un
                 tir de précision, en raison de la distance à laquelle il se
                 pratique et de la lourde servitude du ravitaillement en muni­
                 tions. Le progrès dans la guerre de montagne devra se mani­
                 fester surtout dans la technique alpine des unités, dont le
                 niveau moyen devra atteindre celui de bonnes S. E. S. d’avant-
                 guerre, les unités devant, elles, tendre vers la grande classe
                 en matière de ski et d’escalade. Ainsi aucun terrain de
                 haute montagne ne devra arrêter nos éclaireurs, qui inter­
                 viendront par débordement par les hauts avec le maximum
                 d’efficacité.
                    Tels sont, sommairement énoncés, les principes qui ont
                 servi de base à l’établissement du, programme de l’Ecole.
                    Les méthodes d’instruction sont également rénovées de   point de vtfe du combat, la première semaine est consacrée
                 la manière la plus efficace. Il est fait un large emploi de   à une révision de l’instruction individuelle, étudiée surtout
                 la méthode de découverte, plus conforme au tempérament   sous l’angle de l’instructeur. La 2' semaine est réservée au
                 français. La curiosité de l’élève est stimulée par l’introduc­  combat du groupe ; la 3' semaine aux actions coordonnées
                 tion dans les exercices des facteurs réel, risque, nouveauté,   de plusieurs groupes.                    ,
                 émulation, et sanction. On remplace ainsi les mortelles séances
                                                                            La seconde partie du stage sera passée dans l’armée d’A­
                 d’instruction d’autrefois par des exercices vivants, le plus
                                                                          frique, successivement dans une unité d’infanterie, puis dans
                 souvent possible à double action et avec tir réel, où l’ima­  les chars, avec lesquels les élèves seront engagés sur le front
                 gination et l’initiative peuvent se donner libre cours. Des
                                                                          N. E. Au cours de cette période, les stagiaires seront fami-
                 notions attrayantes comme le tir instinctif, le close-combat,   e liarisés avec les méthodes et le matériel propres aux autres
                 les navigations, contribuent à soutenir l’intérêt
                                                                          Armées, et entraînés à combattre en liaison avec elles. L’é­
                                                                          preuve du feu permettra de mieux juger les élèves et scellera
                 LES GRANDES LIGNES DU PROGRAMME :                        entre eux et leurs instructeurs une réelle fraternité d’armes.
                    La durée du stage des chefs de section est de 5 à 6 semaines.   CONCLUSION :
                 Les 3 premières semaines sont passées à Uriage. Elles sont
                 consacrées à l’instruction technique (armement, tir, obser­  Pour réaliser au sein des F. F. I. cette fusion qui reste
                 vation, transmissions, destructions et franchissements) à l’é­  le premier but de l’Ecole, il faut dégager dans l’enseignement
                 cole de commandement (ordre serré, "école d’intonation, exer­  tout ce qui est de nature à unir. L’instruction militaire ap­
                  cices préparatoires au combat) à l’instruction du combat   paraît comme pouvant représenter ce dénominateur commun,
                  (entraînement physique, close-combat, instruction" tactique)   en dehors de son intérêt propre qui est lui-même essentiel.
                 et à l’instruction théorique, réduite au minimum indispensa­  Ainsi ayant obtenu la communion spirituelle entre tous
                  ble. L’armement a pour but de familiariser le stagiaire avec-   les cadres des F. F. L, leur ayant donné les connaissances
                  tout le matériel des armées alliées et ennemies, qu’il pourra   militaires qui leur manquaient, Uriage permettra de réaliser
                  trouver, soit dans sa future unité, soit sur le champ de ba­  la dernière synthèse : F. F. L, armée populaire — F. F. L.
                  taille. Les tirs sont exclusivement des tirs de combat, à tou­  armée traditionnelle, synthèse qui aura pour effet de rendre
                  tes les armes, y compris les antichars modernes. Le matériel   à la France, conformément à sa tradition, une armée qui
                  de transmissions le plus récent, qui révolutionne le combat   sera son orgueil en restant sa plus fidèle expression.
                  des petites unités, est présenté aux stagiaires et utilisé par
                  eux dans les exercices de combat à double action. Enfin au                            Capitaine ROUILLON.

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