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de poésie, d’un admirable style français. Je n’ose parler de ce   ordres du Commandant de Virieu et dirigeait le bureau d’études
               solitaire, car il y avait derrière son sourire comme une perpétuelle   de l’Ecole en collaboration avec le Capitaine Rouillon.
               inquiétude qui nous devient aujourd’hui déchirante.       Lui, qui avait échappé tant de fois à la Gestapo, il devait
                                                                       mourir sur un piège de l’ennemi, déchiqueté par une mine. Il était
                 Poli plus courageux, plus tranquille qu’aucun d’entre nous as­
                                                                       brave, mais je ne pense pas qu’on puisse trouver d’aussi humaine
               sura d’août 1943 à janvier 1944 la direction de ces Equipes vo­
                                                                       bravoure, lis étaient quelques hommes comme lui, certainement
               lantes dont nous reparlerons ici. Sans cesse en route et toujours   peu nombreux, qui engagés avec nous et plus que nous dans la
               porteur de documents explosifs, il prenait le train pour la Savoie,
                                                                       lutte nous permettaient de dire en vérité que ce qui combattait à
               revenait à Grenoble, traversait en une journée le Vercors à pied,
                                                                       notre côté, c était bien 1 humanité, la culture et la générosité de
               et nous le voyions atterrir chez nous ; alors il aimait qu’on lui lût
                                                                       l’âme.
               quelques poèmes. Lorsque les Equipes volantes eurent vu leurs
               P.C. successivement attaqués et brûlés, Poli, qui avait échappé   Nous revoyons, nous reverrons toujours, dans cette cérémonie
               de justesse mais sans émoi à une Compagnie de Bavarois, se mit   inaugurale du 26 septembre, sa silhouette, svelte et sanglée,
               aux ordres du Commandant Le Ray, chef F.F.I. de l’Isère, et   qu agrandissait encore l’effet de la perspective, cependant que,
                                                                       tendu d’émotion et de joie, il faisait lentement, gravement, mon­
               fut désormais son officier de liaison. Coincé dans le Vercors par
                                                                       ter les couleurs dans notre ciel reconquis.
               l'attaque allemande, il réussit encore de justesse après des mar­
               ches épiques, à s’échapper. A la libération, il s’était mis aux                        Jean-Marie ÜOMENACH.































                 Le capitaine f»OLI à                                                                    .. .sa silhouette svelte et
               droite sur la vigie fait                                                                  sanglée qu'agrandissait
               monter les couleurs.                                                                      encore l'effet de la per­
                                                                                                         spective. ..






















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