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Dans  un  autre  domaine,  celui  de  la  propagande,  un  gros
           effort  est  accompli  pendant  les  mois  de  juillet  et d'aoOt.  Plu-
           sieurs  dactylos  travaillent  pour  nous  et  de  nombreux  tracts
           sont  ronéotypés.  De  plus,  un  imprimeur  de  Bonneville  nous
           permet  de  diffuser  largement  nos  mots  d'ordre,  en  particulier
           un  « Appel  aux  Gendarmes »,  un  « Appel  aux  Soldats  Ita-
           liens » (rédigé dans leur langue),  un  « Appel -à  la  Population »
           et  « Nous  vengerons  nos  morts»  (rédigé  à  la  suite  de  l'atta-
           que  par  les  fascistes  du  camp  du  Platé).
              Cependant,  la  pénurie  d'armes  entrave  gravement  notre
           action.  Nous  n'avons  guère  que  celles  que  nous  arrachons  à
           l'ennemi,  alors  que  les  attentistes  haut  placés  stockent  un
           important matériel {soustrait lors  du  désarmement des troupes
           françaises  en  t 940) en  vue  de  I' « Heure  H » dont  ils  attendent
           le  signal  de  l'étranger,  quand  ce  n'est  pas  avec  l'arrière-
           pensée  de  les  garder  intactes  et  fourbies  pour  réprimer  les
           « troubles  populaires »  que  représente  à  leurs  yeux  l'insur-
           rection  nationale  animée  par  les  F.T.P.
              Quant  aux  parachutages,  aucun  n'a  jamais  été  destiné
           aux  F.T.P.  de  Haute-Savoie,  malgré  les  grandiloquents  en-
           couragements  et  les  promesses  de  la  radio  de  Londres.  On
           imagine  assez,  hélas ! pour  quelles  raisons,  qui  n'avaient  rien
           à  voir,  tout  au  contraire,  avec  l'intérêt  de  la  Patrie.
              Il  nous  est  arrivé  néanmoins  de  bénéficier,  par  détour  ou
           par  ruse,  de  certaines  livraisons  aériennes.
              C'est  ainsi  notamment  que  Servoz,  à  cette  époque,  réussit
           à  prendre  contact  avec  un  agent  de  l'A.S.  Boujard,  qui  se
           rallie  à  nous  et  promet  des  parachutages.  Quatre  terrains
           sont immédiatement balisés,  un vers Cervens,  un  vers Habère-
           Poche,  deux  autres  dans  la  région  de  Scionzier  et  de  Sallan-
           ches.  Pour être sûrs de ne pas manquer le  passage des  avions,
           nos  camarades  et  leurs  responsables  passent  des  nuits  et
           des nuits à attendre.  Leurs efforts sont toutefois  récompensés:
           un  premier  parachutage  de  5  T.  est  lancé  dans  la  2•  quin-
           zaine  de  juin  sur  le  plateau  qui  domine  Habère-Poche,  entre
           le  col  de  Cou  et  le  mont  Draillant.  C'est  la  première fois  que
           nos  hommes  vont  recevoir  des  armes  par  la  voie  du  ciel.

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