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AU  VERRIER
               Le  camp  d'Alex  vient  d'être  attaqué  par  les  Italiens,  le
            17  juin.  Le  chef,  Ancrenaz,  qui  avait  brutalement  supplanté
            notre camarade O .....  était, au  moment du  combat, en  train  de
            faire  la  noce  à  Annecy.  C'était  un  sous-officier  de  la  colo-
            niale,  membre  de  l'A.S.  Ce  triste  sire  passait  son  temps  à
            dépouiller  de  leur  argent  les  jeunes  réfractaires  qui  mon-
            taient  au  camp.  Malgré  la  bravoure  exemplaire  dont  certains
            firent  preuve,  le  camp  fut  défait  par  les  fascistes.  Deux  ca-
            marades,  dont  Maurice  Coulomb,  furent  tués  en  combattant,
            et  nous  perdîmes  une  mitrailleuse,  onze  fusils-mitrailleurs,
            une  trentaine  de  fusils  et  vingt-quatre  mille  cartouches  prises
            par  les  assaillants.  0 ..... ,  qui  venait  d'apprendre  l'attaque,
            était  parti  immédiatement  en  renfort  avec  seize  volontaires,
            dont  huit  espagnols.  Mais  il  arriva  malheureusement  trop
            tard  et  dut  se  contenter  de  recueillir  les  rescapés  au  nombre
            de  vingt-deux.  Par  la  suite,  il  procéda  à  une  réorganisation
            et  pour  procurer  des  subsides  au  camp,  les  hommes  furent
            momentanément  contraints  de  se  louer  pour  une  coupe  de
            bois.  C'est  seulement  quelques  jours  plus  tard  que  nous  ap-
            prîmes  qu' Ancrenaz  avait  vendu  le  camp.  Il  fut  condamné  et
            exécuté  par  l'A.S.  gui  avait  d'ailleurs  plusieurs  crimes  cra-
            puleux  à  lui  reprocher.

            A  CHAMPLAITIERS
               Le  camp,  qui  a  été  formé  par  l'A.S.  de  Thorens  au  mois
            de  mai,  est  placé  sous  la  direction  de  notre  camarade  L. .... ,
            avec  O .....  pour  adjoint.  L'effectif  est  de  soixante-sept  hom-
            mes.  Malheureusement,  les  courants  attentistes  se  sont  dé-
            veloppés  dans  la  région,  et  le  camp  n'obtient  jamais  d'armes.
            Toutes les  semaines,  par contre,  les  Italiens  pourchassent  nos
            camarades  qui  doivent  se  cacher  dans  les  bois.  Les  diri-
            geants  A.S.  interdisent  toute  action.  Mis  à  part  l'enlèvement
            du  Comte  de  Thorens  (qui  s'échappera  après  trois  jours  de
            captivité),  et  une  importante  rafle  de  mulets  sur  les  marchés
            de  la  ville,  le  groupe  Champlaitier  n'a  aucune  activité.  C'est

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