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A  la  fin  de  l'année  1943,  les  chefs  de  l'A.S.  de  Haute-
             Savoie,  conformément  aux  directives  d'une  « mission  mili-
             taire  interalliée »  parachutée  depuis  peu  dans  le  départe-
             ment,  résolurent  de  concentrer  le  plus  possible  d'hommes  et
             de  matériel  sur  le  Plateau  des  Glières.
                Au  moyen  de  ce  rassemblement,  ils  prétendaient  réaliser
             une  « véritable  organisation  militaire »,  en  donnant  aux  vo-
             lontaires  une  instruction  et  un  encadrement  suffisants.  Ils
             pensaient  aussi  que  le  Plateau  des  Glières,  tenu  d'une  façon
            constante,  constituerait  un  terrain  idéal  de  parachutage,  et
             deviendrait  un  véritable  arsenal.
                Ces  objectifs  pouvaient  être  atteints,  pensaient-ils,  car  le
             Plateau  constitue  une  sorte  de  place  forte  imprenable.  Vaste
            bastion à  10  km.  au  N.  N.-E. d'Annecy,  d'une altitude  moyen-
            ne  de  1.500  m.,  le  Plateau  des  Glières  s'étend  d'Entremont
            et  Petit-Bornand  à  l'est  jusqu'à  Thônes  au  sud  et  Thorens
            à  l'ouest.  Il  est entouré d'étroites vallées  aux versants abrupts.
                Tous  les  maquisards  de  Haute-Savoie  furent  invités  à  se
             rassembler  sur  le  Plateau.  La  radio  de  Londres  elle-même,
            qui  faisait  d'ordinaire si  peu  de  place  aux  actions  des  patrio-
            tes,  diffusa  quotidiennement  ce  mot  d'ordre.
                Dès  le  début,  le  C.M.R.  des  F.T.P.F.,  fort  de  l'expérience
            vécue  par  tant  d'autres  «rassemblements»  de  maquisards,
            fort  aussi  de  la  doctrine .militaire  des  F.T.P.  diffusée  par
            France d' Abord,  s'opposa à  ce projet et essaya d'en détourner
            les  camarades  de  I' A.S.
                Il  s'efforça  de  faire  comprendre  aux  patriotes  membres
            de  cette  organisation  qu'il  n'y  a  pas  de  position  imprenable.
            Pensait-on  résister  victorieusement  sur  une  montagne  quand
            les  places  aussi  formidables  que  Tobrouk  ou  Sébastopol
            étaient  tombées  ! Tout  homme  ayant  quelques  connaissances
            militaires  sait  qu'un  obstacle  vaut  surtout  par  le  feu  qu'on
            peut  concentrer  sur  lui.  Or,  sans  aucun  doute,  les  Allemands
            disposeraient  de  moyens  plus  puissants  et  arriveraient  à  sur-
            monter  une  nature  hostile.
                Les  forces  de  répression  occupaient  les  vallées  voisines
            depuis  le  mois  de  décembre.  C'était  pour  elles  tp,i  jeu  d'en-

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