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A  RUMILLY

              Un  parachutage  est  reçu  le  1 ••  samedi  du  mois  de  jan-
           vier,  en  plein  centre  de  Vallières,  à 50  m.  de  la  route  dépar-
           tementale.  Tout  le  pays  l'apprend,  sauf  les  Allemands  et  les
           miliciens.  Les  armes  sont  partagées  entre  les  détachements
           de  Vallières,  Lornay,  St-Eusèbe  et  Rumilly,  de  la  3°  et  4"
           compagnie.  Une  partie  d'entre  elles  est  remise  à  Michel
           Frontex  pour  la  compagnie  d'Annecy,  l'autre  sert  à l'instrnc-
           tion  qui  est  immédiatement  entreprise  avec  ses  classiques
           montages  et  démontages.  Les  explosifs  sont  utilisés  aussitôt
          contre  les  voies  ferrées  et  les  pylônes  de  la  région.  La  mairie
          de  L'ornay  est  souvent  visitée.  Nos  hommes  enfin  ravitaillent
          en  armes les camps du  Clergeon,  malgré la dureté de la  tâche.
          Il  faut  passer  le  Fier  en  barque,  juste  devant  le  barrage  et
          sous  le  phare  aveuglant  d'un  collaborateur,  puis  monter  pen-
          dant  des  heures,  les  pieds  en  sang  et  les  épaules  meurtries
          par  la  charge.  Cependant,  le  recrutement  se  fait  plus  intense
          et les  armes  qu'on  vient  de  distribuer  répandent  la  confiance.
              Le  10  mars,  le  détachement  de  Rumilly  est  gratifié  d'un
          deuxième  parachutage.  Le  chargement d'un  premier  avion  est
          normalement  récupéré.  Mais  un  second  appareil  ne  repérant
          pas  nos  positions,  se  déleste  de  ses  containers  près  du  Châ-
          teau de Morgenex  où  nous  les  récupérons  le  lendemain  matin.
          Les  cylindres  gisent dans  un  torrent.  Les  toiles  de  parachutes
          flottent  dans  les  arbres.  Nos  hommes  descendent  dans  le  lit
          du  ruisseau  par  des  rives  très  escarpées  et  rassemblent  fu-
          sils  et  F.M.  Les  cartouches  enfermées  dans  des  caisses  très
          lourdes  accroissent  les  difficultés,  mais  une  équipe  de  bûche-
          rons  travaillant  à  proximité  nous  prête  main-forte  et  tout  le
          matériel  est  camouflé  sous  des  fagots  de  bois.  Nos  hommes
          se  proposent  de  revenir  l'enlever  dans  la  nuit.
             Hélas,  à  17  h.,  gendarmes et  miliciens  sont sur  place.  Nos
          camarades  qui  viennent  de  transporter  à  Marlioz  le  charge-
          ment  du  premier  appareil  peuvent  être  prévenus  à  temps.  Ils
          reviennent  dans  le  ravin  vers  minuit  et  préparent  le  charroi.
          Au  premier  hruit,  les  gendarmes  placés  sur  l'un  des  versants

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