Page 53 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
P. 53
DE GLIÈRES 49
hommes qui avaient déjà passé un an dans l'attente et qui
pensaient que l'heure de la bagarre était enfin arrivé. Il
ne s'agissait plus que de gagner du temps et c'est à quoi
s'employa le commandant Raulet.
Désormais tous les soirs je me rends à Entremont dans
la voiture du commandant Raulet pour faire la liaison avec
Bastian. Nous y allons sous prétexte d'acheter des reblo-
chons pour les familles des gardes et même un soir où nous
n'avons pas le temps, c'est Bastian qui nous cède une caisse
' au prix de la taxe. Mais ce n'est qu'un paravent : autres
sont nos préoccupations. Nous y allons surtout pour indi-
quer à Bastian les heures où il peut faire passer le ravitail-
lement. Le commandant Raulet a eu soin en effet de lais-
ser libre un chemin par la Lovatière, mais c'est un sentier
de piétons et-.ertains jours il laisse passer les charettes de
ravitaillement par la route de !'Essert en profitant de la
relève. C'est ainsi que trente cinq vaches purent être ache-
minées à la fois sur le Plateau. Le Blocus grâce au comman-
dant Raulet, n'est donc pas bien rigoureux.
Comment ne pas rendre hommage au commandant
Raulet et à ses officiers ; il m'aida si merveilleusement dans
ma tâche, me prêta sa voiture, me donna son essence et
tous les laisser-passers dont j'avais besoin pour moi et pour
d'autres. Les Allemands du reste le recherchèrent. Voici
un télégramme de la Gestapo du r-4-1944 adressé au com-
mandant Supérieur des S.S. et de la Police Oberg :
• ... En ce qui concerne l'attitude de la Garde qui tolérait des li-
• vraisons de ravitaillement aux terroristes, j'ai écrit à Lelong en le
• priant de faire arrêter les Officiers et de les faire comparaître de-
• vant la Cour Martiale. Il s'agit des Officiers des unités de la garde
• qui étaient mises en place au Petit-Bornand depuis l'encerclement
« du Plateau ... •
Le Commandant de la Police de Sûreté et du S.D.
de Lyon et actuellement à Annecy
Signé: D 1 • KNAB.
Raulet, du reste, rencontra plusieurs fois, non seule-
ment Bastian, mais aussi Clair et Tom. Il avait promis à