Page 57 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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DE  GUÈRES                   53


           DÉPART DES GARDES MOBILES ET ATTAQUE DES

                          G.M.R.  A  ENTREMONT


               E  6  Mars,  arrive  l'ordre  de  départ  pour  les  Gardes
           L Mobiles.  Le  Commandant  Raulet  me  prévint  im-
           médiatement et tint à  aller lui-même dans la soirée à moi-
           tié du Chemin de Glières dire au revoir à Tom.  Cet événe-
           ment avait de grossesconséquencespournouset pour Glières.
           En effet les Gardes Mobiles étaient remplacés par les G.M.R.
           Nous  n'aurons  plus  autant  de  facilité  pour  circuler  et  il
           n'est  plus  question  de  faire  passer  du ravitaillement  par
           !'Essert ...  Raulet me conseille bien de prendre contact avec
           le  Commandant  des  G.M.R.  mais  en  me  prévenant d'être
           prudent.  Désormais  je n'ai  plus  la  voiture  à  Raulet  pour
           circuler et passer ainsi inaperçu.
               C'est ainsi que je dois raconter la deuxième affaire du
           tabac.  Clair était venu me rendre visite avec Anjot.  Il faut
           apporter du tabac pour Glières qui n'en a plus ...  Je réquisi-
           tionne  la  voiture  d'Emile  Pedat  et  je  pars  avec  Clair  et
           Roger Broisat pour Saint-Jeoire. Après avoir cherché Henry
           Plantaz  pendant  une  heure,  nous  rentrons  en  possession
           de 500 paquets de cigarettes et de 600 paquets de tabac,  qui
           proviennent du wagon qui a été subtilisé en gare de Saint-
           Pierre-de-Rumilly.  Mais il faut revenir et si  je suis en pos-
           session  d'un  laisser-passer  signé  Lelong  que  m'a  remis
           Anjot,  je  n'ai  aucun  laisser-passer  pour  ma  cargaison  de
           tabac et il y a sept barrages à franchir. Sur le pont de Bon-
           neville, les G.M.R. m'arrêtent et me font caler mon moteur ..
           Je les attrape et leur ordonne de me pousser. Ce qu'ils font
           sans  me  demander  mes  papiers ...  A  Saint-Pierre  l'alerte
           est plus chaude ...  Le  G.  M. R.  qui  m'arrête  après  m'avoir
           demandé mes papiers, me dit d'ouvrir le  fourgon ...  J'hésite
           une seconde et la réponse vient : « Mais je ne suis pas mar-
           chand, je suis Curé.»  « Ah vous êtes Curé ? ... » « Oui le Curé
           du Petit-Bornand ... »  « Eh bien  allez» ...  Vous  pensez  si  je
           m'empresse de démarrer,  le  tabac est passé, et le  soir mê-
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