Page 46 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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                               AFFAIRE  DU  12  FÉVRIER


                       E  samedi matin 12 février,  Marcel  Merlin  me  prévint
                  L  que les gardes étaient  partis  en  direction  de  Gliè-
                  res et que le lieutenant Bastian me  priait de  prendre con-
                  tact  avec  leur  commandant  pour sonder ses  intentions et
                  savoir  s'il  y  avait  moyen  de s'entendre.  Immédiatement
                  je pars voir le  commandant Raulet à  son  P.C ...  L'endroit
                  est peu sûr pour se faire des confidences et le commandant
                  m'indique qu'il me rejoint à la Cure.
                      J'explique  sur  le  champ  au  commandant  Raulet  la
                  mission dont je suis chargé. et mes inquiètudes au sujet des
                  ordres nouveaux donnés à Glières par représailles en suite de
                  l'affaire  du 7  février.  Le commandant  Raulet,  me répond
                  qu'étant donné l'épaisseur de la couche de neige,  l'équipe-
                  ment de ses hommes, et la neige qui continue à  tomber, il
                  espère  que ses gardes ne  pourront  aller loin.  Mais  d'autre
                  part il est sûr que rien de grave ne peut arriver car il a pris
                  toutes ses précautions.
                      1°)  Il a pris soin de trouver un habitant du pays  pour
                  monter à Glières la veille au soir prévenir les maquisards de
                  leur  arrivée  et leur proposer un  arrangement  pour que  sa
                  Mission  ait l'air d'être remplie et que le camp de Glières ne
                  soit  plus  inquiété  après  cette  opération.
                      2°)  Il a mis en tête de la colonne le plus sûr de ses capi-
                  taines : le capitaine Yung et il est certain qu'avec lui et les
                  hommes qui l'accompagnent il  ne  se  produira pas d'accro-
                  chage.
                      Le  commandant  Raulet me quitte alors en  me disant
                  qu'il va donner des  ordres pour ralentir la progression  de
                  ses  gardes  et  qu'il  est  d'accord  pour  rencontrer  le  plus
                  rapidement  possible  Bastian  pour  examiner  la  situation
                  et prendre les différentes solutions qui s'imposent.
                      Nous  nous  quittons devant  la  Cure  et  je  pars  réqui-
                  sitionner une voiture pour aller rejoindre Bastian à  Entre-
                  mont.  C'est  déjà  trop  tard ...  Le  Drame  est  noué ...  J'en-
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