Page 44 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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40        LES  MÉMOIRES  DU  CURÉ  DU  MAQUIS
                  pecteurs.  Ils  encerclent  toute  la  matinée  le  groupe  des
                  maisons des Cerets et y  perquisitionnent. Bien entendu ils
                  ne  trouvent  rien  puisque  Lamouille  prévenu  la  veille,  à
                  dispersé son groupe et se trouve lui-même deux cent mètres
                  plus haut, d'où il suit les opérations à la jumelle.
                       Pendant ce  temps,  un  jeune Aspirant de la Garde qui
                  se trouvait avec son groupe de garde à La Puya et qui n'a-
                  vait  pas  mission  d'aller  plus  loin,  s'avança  et  découvrit
                  sur le pont de l'Essert une voiture louche poussée par plu-
                  sieurs jeunes gens qui lui parurent armés.  Il envoya immé-
                  diatement  son  groupe  en  reconnaissance  en  donnant  l'or-
                  dre  de  tirer.  Les  jeunes  qui  faisaient  partie  des  ravitail-
                  leurs  de  Glières,  se  mirent  à  fuir ...  Les gardes ouvrent  le
                  feu  avec  un  F.M ...  Deux  jeunes  réussissent  à  s'enfuir
                   à Glières,  mais l'un d'eux,  Roger Broisat,  est blessé  à  l'é-
                   paule ...  Les  trois  autres  sont  arrêtés ...  Aussitôt  je  suis
                   prévenu  et  je  me  rends  près  du  Commandant  des  gardes
                   mobiles pour faire relâcher ces jeunes dont deux appartien-
                   nent  à  ma  Paroisse :  Louis  Carrara  et  Gaby  Rachex.  Le
                   commandant  m'adresse  au  Commissaire  Frédérich  qui  ne
                   veut pas les relâcher parce que l' Aspirant proteste et qu'il
                   y  a  de la Gestapo dans l'assistance. Comme j'insiste, l'ins-
                   pecteur Massendès me fait signe de me taire. Et le commis-
                   saire Frédérich  me  promet de  faire  son  possible.
                       Le  lendemain  je  descends  à  Bonneville  trouver  le
                   commandant des  gardes mobiles qui me  donne  le  numero
                   de téléphone du commissaire Frédérich. Je téléphone depuis
                   la  Gendarmerie.  Il  ne  peut  rien  faire  avant  d'avoir
                   reçu le  rapport de  l' Aspirant.  Je recommence  le  mercredi
                   et  le  jeudi.  Le  rapport  est  formel ;  mes  deux  jeunes  ont
                   été trouvés porteurs de revolvers, et le commissaire ne veut
                   rien faire sans en avoir référé au Colonel Lelong. Je n'hésite
                   pas,  je  réquisitionne  une  voiture  et  je  descends  voir
                   Lelong à Annecy le  jeudi soir 10 février.
                       L'intendance  est  bien  gardée...  les  miliciens  sont en
                   nombre  important ...  Il ne  paraît  pas  facile  de  pénétrer à
                   l'intérieur ...  Au  premier  essai,  on  me  répond  que  Lelong
                   n'est pas là ...  Je continue à bavarder avec les miliciens et
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