Page 40 - Les mémoires du curé du maquis Des Glières
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36        LES  MÉMOIRES  DU  CURÉ  DU  MAQUIS

                   •  une bande de  pillards qui sévit dans sa commune.  Ils ont à leur t!te
                   •  un nommé Lamouille,  communiste  dangereux,  évadé des  camps de
                   •  concentration.  Ils  ont volé des  mulets  à  Jeunesse  et  Montagne  que
                   •  ses beaux frères Ballanfat détiennent ainsi que Séraphin Puthod, etc.
                       «  Arrivés  au  Petit-Bornand,  tournez  le  dos  à  l'Hôtel  Bellevue.
                   •  Vous  avez  devant  vous  le  Borne.  Traversez  le  pont  des  Lignières
                   •  la  première  route  à  gauche  vous  conduira  au  chalet  de  Lamouille,
                   •  l'avant  dernier  au  pied  de  la  montagne.  La  bande  une  quinzaine
                   «  campe dans le  bois  tout à côté.  j'ai appris qu'elle devait être  désar-
                   •  mée  par  le  vrai  maquis.  Mercredi  soir téléphonez,  si  désarmée  fe
                   •  répondrais " Volaille  plumée• et  fe  mettrais  mes  fils  au  courant.
                   •  Jeudi  matin téléphoné à  Merlin Joseph  fils  qui  répond  qu'il n'est
                   •  pas  au  courant  si  la  bande  est  désarmée.  L'après-midi M.  Merlin
                   •  nous dit " Volaille  non  plumée•·  Nous prenons  rendez-vous  pour le
                   •  mardi  3. »
                        Voici ce qui a été trouvé dans le carnet de l'Inspecteur
                   Marie  du  moins  tel  que  le  rapporte  Lamouille  dans  le
                   u Travailleur Alpin» du 4 octobre 1945.
                       Lamouille  vint  immédiatement  menacer  le  Maire  qui
                   avoua facilement  ce  qu'il avait fait.  Comment ne l'aurait-
                   il  pas  fait  ?  Une  autorité  quelconque  doit  toujours  faire
                   son  devoir dans les  circonstances les  plus difficiles,  même
                   au péril de  sa vie.  C'est ce qu'avait fait  M.  Merlin dans le
                   seul souci de protéger sa commune et ses  administrés.
                        Mais devant les menaces du Groupe Lamouille, Merlin
                   se  réfugie  dans son  chalet  à Cocogne.  Devant la  tournure
                   prise par les événements, je pars le jour même où le  groupe
                   Lamouille dévalise la Perception de Bonneville,  pour aller
                   à Taninges demander à  l' Abbé Bogain, arrêté lui-même par
                   la Gestapo  pendant  un  mois,  de  bien  vouloir  cacher  mon
                   maire. Nous décidons de le cacher chez le Curé de Verchaix
                   qui est un ancien Vicaire du Petit-Bornand.
                       Et  c'est  ainsi  qu'un  matin  à  cinq  heures,  le  brave
                   Félix  Fontaine  emmenait  dans  son  camion  le  Maire  à
                   Taninges d'où il gagna Verchaix.  J'allais du reste au cours
                   des  jours  qui  vont  suivre  lui  rendre  plusieurs  fois  visite
                   pour  le  mettre  au  courant  des  événements  du  Petit-Bor-
                   nand.  Il faut bien remarquer que lorsque Merlin téléphona
                   aux Inspecteurs, il était persuadé comme moi que Lamouil-
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